En finir avec la grève !

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À la troisième semaine de la grève des étudiants de l’université Akli Mohand Oulhadj de Bouira, le collectif libre des étudiants de Bouira a organisé, durant la journée d’hier, une rencontre publique qui a regroupé les étudiants et le recteur de l’université, M. Badari Rabah.

Cette rencontre abritée par l’auditorium de l’université a été l’occasion aux syndicalistes du CLEB pour exposer les revendications adoptées lors des différentes assemblées générales tenues durant les dernières semaines de la grève. À commencer par la radiation du coordinateur de sécurité du campus, responsable selon eux des nombreuses agressions commises à l’encontre des étudiants, la garantie de la liberté d’expression au sein de l’université ainsi que la redéfinition des tâches réelles des agents de sécurité au sein de l’université. Lors de son intervention, le recteur de l’université a tenu, en premier lieu, à dénoncer toute forme de violence au sein de l’université. Pour lui, «les évènements qui se sont produits au sein de l’université ainsi que l’agression de deux étudiants sont des actes regrettables et condamnables». M. Badari a affirmé être en toute solidarité et compassion avec les deux étudiants victimes d’agression, tout en assurant que toutes les mesures et les sanctions seront prises à l’encontre des auteurs de l’agression. «La violence sous toutes ses formes n’a jamais eu de place au sein de l’université. Je m’engage aujourd’hui devant vous à sanctionner sévèrement et selon le règlement intérieur de l’université les auteurs de ces agressions. J’ai moi-même rendu visite à l’étudiant agressé pour lequel j’ai signifié ma solidarité et compassion, je serais prêt à le soutenir aussi dans toute démarche qu’il envisage de suivre, y compris une démarche judiciaire» a-t-il assuré. M. Badari est revenu, par la suite, sur les revendications soulevées par les étudiants. Pour le même responsable, il s’agit de revendications légitimes et il serait prêt à les satisfaire tout en impliquant les comités des étudiants ; ces derniers auront comme mission de suivre le degré d’application sur le terrain. «Votre première revendication a été satisfaite dès les premiers jours du mouvement, le coordinateur de sécurité a été effectivement démis de ses fonctions et un nouveau coordinateur sera nommé dans les prochains jours. Vous aurez aussi le droit de regard sur la personne qui sera nommée ; en attendant, nous avons installé un comité provisoire pour la gestion du service de sécurité», a-t-il ajouté. Toujours dans le cadre des nouvelles mesures, décidées pour la réorganisation du service de sécurité des deux campus de l’université M. Badari a assuré qu’un plan pour la formation, l’encadrement et l’organisation des agents de sécurité vient d’être adopté par ces services. «Le nouveau plan qui sera mis en application dès demain, comporte des formations en sociologie, psychologie, communication et réglementation au profit de nos agents. Ces derniers seront dorénavant uniquement responsables de la sécurité des étudiants au sein des campus. Nous allons aussi les sensibiliser pour l’amélioration de leur comportement et de leur réaction vis-à-vis des mouvements des étudiants. Le règlement intérieur sera appliqué directement sur les éléments qui ne respecteront pas nos consignes», a-t-il martelé. Concernant la revendication liée à la garantie des libertés d’expression au sein de l’université le recteur s’est également montré favorable et a assuré «qu’il a toujours soutenu toute activité pédagogique, sportive, culturelle des étudiants». Pour l’intervenant, toute activité à cratère pacifique, sera autorisée et encadrée par la direction de l’université. «Toutes vos activités sont les bienvenues, le plus important est que celles-ci ne sortent pas du cadre pacifique et patriotique. Je vous soutiens personnellement dans votre quête pour le développement et la formation», a-t-il assuré. M. Badari a insisté par ailleurs, sur le droit des étudiants pour s’organiser dans le cadre de comités autonomes au niveau de chaque département et faculté de l’université. «Tant que vous serrez organisés et règlementés au niveau de chaque département et faculté je serais tout le temps disposé à vous recevoir et à travailler avec vous. J’ai détecté dans votre mouvement une volonté d’organisation et d’encadrement des étudiants. Tant que je serai là je vous assure que je soutiendrai toute initiative visant à instaurer le climat de collaboration et cohabitation entre les membres de la famille universitaire», dira-t-il. Vers la fin de son intervention, la parole fût donnée aux étudiants présents en nombre important dans la salle. Ces derniers étaient d’ailleurs aussi nombreux à prendre le micro et à exposer leurs préoccupations. Des préoccupations essentiellement liées à l’amélioration de leurs conditions de scolarisation, à commencer par le renforcement en nombre des agents de sécurité et l’amélioration de l’encadrement pédagogique. «La majorité de nos enseignants sont des contractuels ou des vacataires, nous réclamons depuis plusieurs années le renforcement de nos facultés par des professeurs, docteurs et des enseignants mieux qualifiés et aptes à améliorer notre cursus. Nous revendiquons aussi la mise en place d’un créneau légal pour les consultations des feuilles d’examens, car ça n’a jamais été fait dans notre université», dira l’un des intervenants. Répondant à ces questions, le recteur a exhorté les étudiants à adhérer aux comités pédagogiques des facultés. Des comités qui garantiront la transparence des corrections et des évaluations des étudiants chaque année. Les interventions des étudiants se sont poursuivies durant toute l’après-midi et un débat houleux s’est imposé entre les deux parties. À noter, pour finir, que les étudiants devront décider de la continuité de leur mouvement de grève aujourd’hui.

O. K.

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