Aïe aïe aïe !

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Comme à chaque occasion, les soubresauts du marché constituent un cauchemar pour les ménages.

Tous les produits sont concernés par une hausse des prix vertigineuse et hallucinante. Cette année, la donne se complique davantage, car la cherté a sévi tout le long de ce mois de Ramadhan et s’accentue même à l’approche de l’Aïd atteignant des pics inimaginables. Pour établir un constat, nous avons fait une virée au marché de Souk El Tenine, réputé autrefois pour la disponibilité de tous les produits et pour la clémence des prix. Mais hélas, actuellement ce n’est plus le cas. Les prix sont inabordables au grand dam des consommateurs qui n’ont parfois d’autres choix que de recourir au plan B (l’emprunt) pour faire face aux dépenses excessives de l’Aïd et faire plaisir à leurs enfants. «Autrefois, l’Aïd était synonyme de joie, de bonheur et de partage. Maintenant, c’est l’effet inverse, c’est l’angoisse et le stress qui nous étreignent. Ce n’est pas avec mes 18 000 DA mensuels que je vais faire face à toutes les dépenses : l’achat de vêtements neufs, de jouets, la viande, les gâteaux, les fruits et les légumes. Même si je mettais six salaires, je n’y parviendrais pas», déplorera un ouvrier communal, père de 4 enfants. Bien sûr, comme lui, il y a des milliers de pères de familles pour qui la fête de l’Aïd est devenue un véritable casse-tête et une source d’angoisse. Ce n’est évidemment pas facile d’assurer toutes les dépenses du mois de Ramadhan, d’enchaîner avec l’Aïd et de poursuivre avec les fêtes de la saison estivale, avant de recommencer avec la rentrée scolaire. Que des occasions budgétivores. Alors que le salaire minimum garanti n’est que de 18 000 DA/mensuel. Les gens du pré emploi, du filet social, les handicapés et les chômeurs quant à eux consomment avec leurs yeux. Allez, circulez, il n’y a rien à acheter !

Les fruits et les légumes intouchables

Des prix à donner le tournis que ceux pratiqués au marché de Souk El Tenine. Les oranges culminent toujours à 400 DA. Les pommes d’importation sont fixées à 450 DA, les dattes, mêmes de qualité moyenne, sont hors de prix, 600 DA le kilo. Les abricots sont vendus à partir de 150 DA, les pêches à partir de 200 DA. Les bananes ont atteint le prix de 250 DA. Le melon est proposé entre 70 et 80 DA le kilo, la pastèque à 50 DA, après s’être fait remarquer par son prix excessif durant tout le mois de Ramadhan en atteignant le pic de 150 DA le kilo. Pour les légumes, les prix ont pris l’ascenseur en quarante-huit heures.

La pomme de terre proposée il y a quelques jours à 25 et 30 Da a vite grimpé à 55 DA le kilo. Les tomates fraîches ont atteint le prix de 90 DA, la salade est à 70 DA, les carotte vendues avant-hier à 50 et 60 DA sont passées au double, 100 DA le kilo et d’ici le jour de l’aïd, ce sera peut être plus. Les piments et les poivrons sont cédés à 90 DA. Les haricots verts et les cardes sont vendus respectivement à 200 et 80 DA. Les aubergines et la betterave ne sont pas données, leur prix oscille entre 90 et 110 DA. Pour ce qui est des produits pâtissiers destinés à la confection des gâteaux, c’est encore plus cher. «La préparation des gâteaux à la maison nécessite beaucoup d’argent, il faut des noix, des cacahuètes, du chocolat et mille autres ingrédients. La facture ne risque pas de tomber sous les 15 000 DA», dira une mère au foyer à Ouadhias.

Les viandes, c’est brûlant !

Qu’est ce qu’un Aïd sans viande ? Les familles ont pris l’habitude d’en acheter de grande quantité à la veille de cette fête. Toutefois, ces dernières années, la fièvre acheteuse est significativement tombée. Les gens n’en peuvent plus, c’est au dessus de leurs moyens. Leur pouvoir d’achat a connu une chute libre. Comment un ouvrier, qui ne gagne que 600 DA/jour, pourrait-il en effet s’offrir un kilo de bifteck à raison de 1 500 DA le kilo ou la viande avec os à 950 ? En ce qui concerne la viande de poulet c’est tout aussi cher à 340 DA le kilo. L’escalope de dinde est à 1000 DA, les cuisses de dindes sont à 400. La viande rouge fraîche d’importation est à 950 DA et celle congelée, qui a réapparu ces dernier temps, est à 780 DA.

Les vêtements, le moindre ensemble à près de 3000 DA

Les parents font énormément de sacrifices pour rendre heureux et faire plaisir à leur enfants pendant les jours de l’Aïd. Les enfants doivent mettre une tenue vestimentaire neuve. Mais ces derniers temps, nombreux sont les parents qui n’arrivent pas à garantir des vêtements neufs à leurs enfants. Certains se rabattent sur le chiffon, d’autres se contentent d’acheter un seul vêtement au lieu d’une tenue complète et d’autres encore achètent une tenue complète mais que l’enfant doit garder pour toutes les occasions de l’année. Nous avons donc fait une tournée à travers les boutiques pour nous faire une idée. Nous avons choisi de voir les vêtements pour garçons et filles de 12 ans. Pour les garçons, une paire de baskets locale est coté entre 1 000 et 2 000 DA. Les baskets de Turquie sont au dessus entre 2000 et 3000 DA. Les jeans se vendent entre 1 200 et 2 200 DA, les T-shirt entre 650 et 950 DA. Les pantalons courts en jean sont vendus entre 1000 et 1800 DA, ceux en toile sont vendus entre 500 et950 DA. Bien sûr, on parle là toujours de produits locaux. Pour les fillettes de 12 ans, les robes sont cotées entre 1 280 DA et 2 280 DA. Les jeans et les T-shirt, pour les premiers «entre 1300 et 1600 DA, pour les seconds c’est 650 et 950 DA. Une paire de soulier peut aller de 600 DA jusqu’à 1000 DA, les sandales sont cédées entre 650 et 1200 DA, on parle toujours des produits locaux. Les produits d’importation sont généralement plus chers quant il ne s’agit pas de produits chinois. Bien sûr, les enfants ont également besoin de petits jouets et en regardant les prix affichés, nous n’avons pas pu nous empêcher de souhaiter beaucoup de courage aux parents. Des voiturettes toutes simples sont vendues à 350 DA, quant aux voiturettes à télécommande, elles font jusqu’à… 2 500 DA ! Les pistolets à eau sont proposés à 120 et 300 DA. Les ballons de bonnes qualités se vendent à 2 500 DA. Les épées en plastique sont à 300 DA, les petits pianos font 350 DA et les ordinateurs éducatifs bouclent la boucle à 3200 DA. Il est clair que les parents auront toutes les difficultés du monde à faire face aux dépenses de l’Aïd. Les responsables concernés de tous bords sont appelés à intervenir chacun dans son secteur pour alléger ce lourd fardeau qui pèse sur les épaules des parents, conséquence de la chute de leur pouvoir d’achat, de la légèreté de leurs salaires et de la cherté sans rahma du marché.

Hocine T.

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