L’inflation des festivals n’est pas la panacée

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Par S. Aït Hamouda

C’est l’inflation des festivals en Kabylie, on fête tout et n’importe comment. Pour quelle fin, pour quel résultat, pour quelle pédagogie ? Faisons la fête, dépensons de l’argent du contribuable, pendant une semaine ou deux jours, puis, rien ne vas plus, on ne joue plus. Mais ce qu’il y a de plus exaspérant dans tout le tintamarre, c’est le résultat après coup. Faut-il faire le bilan ou comptabiliser les déboires, les ratés, les absences et les dérobades ? Faut-il faire le compte des incompréhensions et expliquer au public nos erreurs ? Lui décrire nos sempiternels efforts de le combler d’un soi disant spectacle qui ne lui a rien apporté ni en amont, ni en aval, à sa curiosité. Il lui restera toujours à se demander ce que tout cela veut dire. Est-ce qu’il suffit d’organiser, avec l’attention la plus débridée, la plus dilettante, une activité pour ce dire qu’on est sur la voie de la réussite ? Nonobstant nos incapacités d’organiser la moindre manifestation sans garanti, sans assurance, sans certitudes de réussir. Ne pensons pas à la détermination de réussite parce-que nous ne l’avons pas. Pensons à la finalité de nos incompétences, qui sont nombreuses. Nous allons organiser un événement festif sans être sûr d’en faire… l’événement. Et plus ils sont nombreux, plus on a des assurances quant à son succès, son admiration par ce même public. Nos fautes ne sont déterminées que par nos audaces et nos toupets et nos courages. Dans la wilaya de Tizi-Ouzou, nous comptons plusieurs festivals ce mois-ci. Le festival de la poterie, le festival raconte-arts, le festival du bijou, celui de la plaquemine, de la pèche et tutti quanti. Toutes ces rencontres, faites au pied levé ne sont en vérité que des activités bidon qui attirent un public, pas toujours convaincu, mais qui se satisfait, qui se dit comblé du bout des lèvres. Le but de ces festivals sur le plan pédagogique, intérêt, apport personnel ne se mesure en aucun bénéfice. Ils représentent en dehors du folklore qu’ils mettent en valeur, que le chahut qu’ils mettent au diapason d’une culture surannée. Le folklore par définition est la culture d’un peuple qui tire son essence des anciennes complaintes, des vieilles rengaines et des contes qu’on raconte au coin du feu. Mais aujourd’hui qu’est ce qu’on peut apporter à toutes ces festivités ? Qu’est ce qu’on peut leur ramener de nouveau, si ce n’est les remodeler ? Il est de notoriété publique que la résultante dans tout cela, dans tout ce charivari, n’est que littérature, voire mauvaise littérature. Les festivals devraient être espacés dans le temps et l’espace, pour que tout le monde puisse en profiter et acquérir les connaissances qu’ils sont censés répandre. Désormais, on doit tenir compte d’une chose, qu’à force de tarabuster les gens avec des festivals, à la en veux-tu en voilà on finira par les dégouter de tout et le résultat ne sera qu’un ersatz de culture au lieu d’être la culture stricto sensu. Le reste n’est que démagogie.

S.A.H

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