Subsahariens et Syriens se disputent les trottoirs à Bouira

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Ils sont présents, à chaque coin de rue, sur chaque place et placette des villes et villages. Ils sont des centaines… Ces migrants, pour la plupart des Subsahariens et des Syriens, sont parvenus, au fil du temps, à se fondre dans la société. Mendiant à longueur de journée, il semblerait que la langue soit un obstacle pour ces migrants qui cherchent à s’intégrer. A Bouira, au cœur du chef-lieu de wilaya, plus précisément de la cité Ouest jusqu’au centre de la vieille ville, en longeant la voie ferrée, les migrants subsahariens sont assis à l’ombre, interpellant les passants et leur demandant l’aumône. Malgré la chaleur torride, leurs visages demeurent impassibles. Constituée des deux parents et de plusieurs enfants, chaque famille semble être solidaire envers les autres. Ils s’échangent des bouteilles d’eau fraiche que des passants offrent aux enfants en bas âge. Dans cette communauté l’entraide est palpable. Malgré la misère qui les frappe, ces familles africaines s’entraident avec quelques pièces pour au moins acheter du lait pour les enfants. Konat, un Malien d’une quarantaine d’année est un migrant qui est arrivé à Bouira en 2012. Il venait du Maroc où lui et sa famille avaient tenté leur chance de rejoindre l’Espagne. La police du Royaume Chérifien les avait alors expulsés vers les frontières algériennes. Après un long séjour aux frontières, ils se sont retrouvés à la gare routière de Kharrouba, sans un sou en poche. Un transporteur de Bouira les a pris en pitié et leur a offert des casse-croutes. Ayant sympathisé avec eux, le transporteur leur proposera de les emmener gratuitement à Bouira. Depuis, ils errent dans la ville, quémandant leur pitance. «Je travaille à chaque parfois que l’occasion se présente, surtout comme manœuvre sur les chantiers de construction. Dernièrement, j’ai été embauché comme ouvrier agricole dans une ferme pour ramasser les patates à côté d’Aïn Bessem», nous raconte Konat, dans un français approximatif. En l’interrogeant sur le lieu où il habite lui et sa famille, il refusera de souffler mot. Il dira juste qu’il n’est pas dans un centre d’accueil. A ce sujet, le Malien nous avouera que lui et ses compatriotes refusent de rejoindre les centres d’accueil réservés aux migrants subsahariens. Pour quelles raisons ? «On dirait une prison, on ne nous laisse pas sortir à l’extérieur. On nous donne à boire et à manger, il y a des lits pour dormir, mais nous sommes comme des prisonniers», nous avouera Konat. Pour lui, Bouira est une région agréable par rapport aux autres wilayas où les subsahariens sont souvent victimes de xénophobie. «Ici, les gens sont gentils avec nous. S’ils peuvent nous aider ils le font, sinon ils ne nous chassent pas comme ailleurs…». Konat nous confiera qu’il attend d’avoir un petit pécule pour retenter la traversée de la Méditerranée afin de rejoindre l’Europe, comme l’ont fait avant lui son beau-frère et ses cousins. Au niveau de la DAS de Bouira, personne n’a pu nous communiquer un quelconque renseignement au sujet de ces Subsahariens.

Bachouche Idir

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