Farniente, figues ou partir pour se ressourcer

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La mémoire d’un quidam normalement constituée est saturable. Le souvenir du Tizi-Ouzou de jadis n’est nullement à la portée du premier venu. Un village à peine plus grand qu’un mouchoir de poche mais où il fait bon vivre, où l’air était bon enfant et où l’on prenait du bon temps. On se déplaçait à dos d’âne, de mulet où de cheval pour les plus nantis. Il y a même l’autobus, mais là il ne faut pas faire la grasse matinée. Il faut se lever tôt pour être à l’heure. Il n’y avait pas beaucoup de monde en ville à l’époque. Donc, tout y était à la dimension du village et de l’homme de l’époque, modeste par son comportement, sage dans ses décisions et pauvre par son allure. Il n’avait ni repos ni vacances ni ressourcement. Les seuls voyages qu’il se permettait, c’est pour le labeur et le prix du billet était emprunté chez l’usurier. Aujourd’hui, autre temps autre mœurs. Les gens non seulement envahissent la ville en foule, mais ils y viennent nombreux tous les jours que Dieu fait soit pour y travailler, pour des soins, pour des démarches administratives, ou seulement pour flâner, faire du lèche-vitrine. Maintenant, une autre tradition s’impose à quelques uns, les vacances à l’intérieur et aussi à l’extérieur du pays. À l’intérieur, les destinations sont diverses en fonction de la présence in situ de familles : Annaba, Oran, Mostaganem, Stidia, Zeralda, Ain Bénian et autres stations balnéaires d’Algérie et bien sûr Tigzirt ou Azeffoun, où il est plus facile de s’y rendre, vu la proximité de ces deux stations maritimes. On peut s’y rendre par fourgons, en taxi ou en voiture pour y passer une journée et rentrer chez soi en début de soirée. Pour l’extérieur, la France est la première orientation des Tizi-ouzéens pour la simple raison qu’il y a là bas des cousins chez qui l’on est sûr d’avoir le couvert et du pécule en plus. La seconde destination est incontestablement la Tunisie, pour sa proximité sa langue et surtout le bon prix. De l’avis d’un promoteur touristique, ils sont «plus de 3 000 touristes à se rendre dans ce pays du mois de juin au mois d’octobre». C’est énorme, mais c’est révélateur du niveau de vie de ceux qui s’y rendent dans ce pays. La troisième destination est les pays de l’Asie et de l’Amérique du nord, le Canada où l’on se rend pour les mêmes raisons qu’à l’intérieur ou en France. Selon notre interlocuteur, «le kabyle ne se déplace pas pour visiter les musées, les théâtres où pour assister aux événements sportifs. Il sort pour acheter des choses qui n’existent pas chez-nous. Il y a, certes, des jeunes qui s’en vont assister aux jeux olympiques, mais ils ne sont pas nombreux, à peine une centaine (…)». Les kabyles sont-ils devenus des vacanciers impénitents ? Possible, mais sachons raison gardée, qu’il s’avère que le kabyle aime le farniente, la douceur de vivre, prendre du bon temps, mais il ne faut pas trop exiger de lui. Il arrive qui pour un oui ou pour un non, il envoie tout balader et se renferme sur lui-même. C’est du chichi, pensent certains, mais il en veut pour son argent. Il a toutes les raisons de se comporter de cette manière. Vaille que vaille, les kabyles aiment les vacances quand ils ont les moyens et même lorsqu’ils manquent de quoi passer de bons moments. Ceux qui habitent à proximité des plages louent leurs logements à des particuliers et s’en vont au village pour passer des moments en climatique et manger des figues fraîches.

Sadek A. H.

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