Ce phénomène inquiétant qui menace la société

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Par Sadek Aït Hamouda

Un voleur qui a été lynché à Akbou par la population, lundi passé, pose un problème sociétal. En effet, quand la société se sent menacée et qu’il n’y a pas de protecteur, elle perd son sang froid et règle ses problèmes comme elle l’entend. Le sociologue Nacer Djabi a précise que «les opérations punitives contre les voleurs dans les marchés hebdomadaires, notamment dans les villes intérieures, n’est pas un phénomène nouveau et ces marchés ont une sorte de code pour se protéger des voleurs». L’évolution des réseaux sociaux, notamment Facebook, a ancré l’idée que le lynchage des voleurs dans les marchés publics est un phénomène nouveau et étranger à la société algérienne tout comme les rapts d’enfants, a-t-il expliqué. Le spécialiste a affirmé que le défi aujourd’hui est de garantir la sécurité en tous lieux et en tous temps, pour éviter que de tels incidents se reproduisent. Mais dans cela, il suffit de regarder, de ressentir l’insécurité. Et pour que la réaction soit pacifique, gentille ou permissive, il faudrait que les services de sécurité soient là. Non seulement le voleur est en infraction devant la loi et les hommes, mais aussi devant la morale qui réprouve et condamne. Le sociologue Rabah Kechad affirme pour sa part que le phénomène de la violence dans la société algérienne est complexe et s’est accentué au cours de la décennie noire. Il a souligné l’importance du rôle de la famille, de l’école et de la mosquée dans la consécration de la culture du vivre-ensemble et de la tolérance. Cependant, ces institutions peuvent donner des leçons qui ne peuvent servir que dans les cas où la tolérance s’accompagne d’éducation bien comprise et de comportement, à la limite citoyen, où l’humilité et la mesure ne seraient pas de trop. Le spécialiste a appelé à faire un diagnostic du phénomène de la violence dans la société algérienne pour mettre en place une stratégie nationale de lutte contre la violence, en associant tous les secteurs ministériels concernés. Lesquels démembrements de l’Etat ne participent pas à entreprendre des projets de l’éducation des gens. Le sociologue Zoubir Arrous a qualifié la réaction collective lors de cet incident d' »acte grave » ajoutant qu’il est inconcevable qu’un individu ou un groupe d’individus s’érige en justicier hors du cadre institutionnel de l’Etat. Mais le cadre institutionnel dont parle Zoubir Arrous doit être structuré aussi bien en amont qu’en aval pour que de tels agissements n’aient pas lieu. Il est nécessaire de colmater les sources de violences, d’où quelles viennent et puis de les encadrer juridiquement, avec tous les éléments qui conviennent à ce phénomène, à partir de là on comprendra l’épiphénomène et ce qui le sous-tend.

S. A. H.

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