Yennayer dans la communion

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Tizi-Ouzou, à l’instar de toutes les autres wilayas du pays, n’a pas manqué, avant-hier, son rendez-vous avec son histoire et son identité. Le premier jour de l’an amazigh 2967 a été célébré d’une manière grandiose.

Un mouvement extraordinaire a été constaté dès la matinée à travers le chef-lieu de wilaya. Des va-et-vient, de la joie et de la bonne humeur se lisaient sur les visages. Des enfants accompagnés de leurs parents, des hommes et des femmes. Ils étaient tous là à la place de la bougie, lieu fixé comme point de départ de la grande parade organisée par la direction de la culture. Sur les lieux, une marrée humaine. D’une seule voix, on pouvait entendre «Assa azekka imazighen lan lan».

Les cris de joie de la future génération porteuse de l’espoir de l’Algérie ont été mêlés aux sons de différents styles de musique folklorique. Imekrass de Ghardaïa avait enflammé l’assistance avec sa musique de Diwan, qui avait suscité un grand engouement des jeunes kabyles. De son côté, la troupe Sidi Blel qui a fait le déplacement depuis Mascara n’a laissé personne indifférent. Plus loin, la troupe Tamussni de Khenchla et celle d’Ouled Nayel de Djelfa ont drainé une foule nombreuse qui accompagnait, par ses danses, chaque mouvement des musiciens et chaque son de tambour.

Parades au pluriel et en couleurs

Les comédiens du théâtre régional Kateb Yacine ont voulu apporter leur pierre à l’édifice, en incarnant les différents personnages célèbres de l’Histoire des Berbères, entre autres, Chachnaq et Syphax. Le wali Bouderbali, accompagné de l’ensemble de l’exécutif de la wilaya ainsi que de députés, arrivé sur les lieux, lança officiellement le début de la parade, qu’il a conduit lui-même, en compagnie d’un représentant du ministère de la culture.

La caravane a poursuivi son chemin à travers les rues de la ville pour atteindre la Maison de la culture. Tout au long du parcours effectué, des chants et des musiques ainsi que des youyous de femmes s’entendaient de loin. Une belle ambiance de communion et de solidarité a régné comme voulu par les organisateurs. Le froid glacial qui a caractérisé la journée a été bien compensé par une chaleur humaine qui a envahi l’atmosphère. Chaque sourire est un message de paix et d’amour.

De l’autre côté de la ville, en parallèle, au stade 1er novembre, l’ambiance était pratiquement la même, à un détail prêt. Cette fois-ci, des athlètes, des adhérents des établissements de jeunes, les ligues sportives spécialisées, ainsi que des associations étaient à l’honneur. Plusieurs centaines de jeunes ont défilé au stade avec l’emblème national déployé à gogo, accompagné du Baroud de la troupe venue de Batna, du Fanfare de Boumerdès… Encore, ici, les rois berbères sont représentés.

Des pancartes représentant l’Algérie à travers plusieurs périodes de l’Histoire, de 1830 au 8 mai 1945, arrivant au 1er novembre 1954, en marquant les différents événements de la guerre de révolution, jusqu’au jour de l’indépendance, ont été inscrits à travers le défilé. Le coup d’envoi officiel du défilé a été donné ici aussi par le wali qui avait dû à un moment donné prendre congé de l’autre parade lancé depuis la place de la bougie. La parade de la DJS a progressé aussi vers la grande rue de la ville, pour atteindre le point de départ de l’autre procession initiée par la direction de la culture.

Du couscous pour tous !

À la mi-journée, à la Maison de la culture, le wali et l’exécutif qui l’accompagnait ainsi que les citoyens ont été conviés au traditionnel couscous au poulet de Yennayer. Les citoyens ont afflué pour partager ce moment «de bonheur». Des tables ont été dressées dans la cours pour que tout le monde soit servi. Autour du repas, des plaisanteries sont lancées de part et d’autre. Chaque table est animée par une discution différente, en attendant le gala de l’après-midi.

Taleb Tahar, la cerise sur le gâteau

De l’autre côté de l’établissement, bien avant l’heure affichée pour le gala, une longue chaîne s’est formée devant l’entrée de la grande salle de spectacles. La salle sera vite envahie et un grand nombre de personnes n’ont pas pu y accéder. Avant son entrée en scène, Taleb Tahar, qui a fêté avant-hier ses 40 ans de carrière, avait l’air un peu stressé.

«Je n’ai rien préparé, je vais improviser», dira-t-il. À peine apparu, des cris et des youyous se faisaient entendre de toute la salle. Le spectacle a commencé sans introduction. La voix de l’artiste raisonnait dans toute la salle : «Rouh ula dkemm» ou encore «Aatar», «Lemri» ont fait le bonheur des présents qui ont chanté, dansé et pleuré pour certains. Après deux heures de retrouvailles entre le chanteur et ses fans, taleb tahar rejoint sa loge comme soulagé d’avoir réussi son pari.

«Je redonne rendez-vous à mes fans une autre fois ici, si je suis encore là sinon aujourd’hui j’étais avec eux et ça m’a fait plaisir. Je les remercie, d’ailleurs, pour leur présence. Assegass Amegaz à tous», dira le chanteur Taleb Tahar qui promet un album de huit chansons à son public, pour juin prochain. La foule s’est par la suite dispersée dans la sérénité et la joie après une journée chargée d’émotions.

Le rendez-vous était pour la fête, la détente et la joie, mais aussi c’était une occasion pour les jeunes participants de s’imprégner de cette culture qui est la leur. L’occasion était pour faire étalage de ce patrimoine que chacun doit préserver.

Kamela Haddoum.

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