La Dépêche de Kabylie : Lors de la dernière session ordinaire de l’APC, nous avons eu du mal à vous suivre. Nous avions en effet la nette impression d’être en présence de deux personnes en une : le manager propriétaire d’entreprises et le P/APC. Comment concevez-vous ces deux rôles et comment arrivez-vous à les concilier ?ll M. Abdelhafid Bouaoudia : Je tiens tout d’abord à remercier nos amis des partis politiques qui ont aidé d’abord à asseoir une assemblée et à désamorcer un début de crise ensuite. Il s’agit du RCD, du FFS et de Ame de Béjaïa. Ces gens-là sont venus pour travailler. Voilà en substance ce qui a présidé à notre alliance. L’assemblée qui vient de se dérouler est une première par sa durée, une demi-journée au lieu des 15 jours habituels et son efficacité. C’est une véritable opération de marketing. Je suis dans le monde des affaires et je sais comment gérer des situations bloquées, raccourcir les délais. J’apporte une vision nouvelle, une gestion new look qui vise à casser les tabous et à passer outre les querelles de clocher. Je suis là principalement pour travailler. Que ceux qui partagent mon point de vue me rejoignent. Je saisis l’opportunité que m’offre votre journal pour lancer un appel aux investisseurs étrangers et nationaux. Qu’ils viennent ! Ils trouveront aide et assistance.
Un vent de fronde souffle sur l’APC. Vos alliés d’hier sont entrés en dissidence. A quoi imputez-vous ce revirement ?ll Je demande à tous ceux qui, pour une raison ou une autre nourrissent à mon endroit des griefs de me comprendre et de saisir ce qui me guide. Je suis un bâtisseur, un décideur. Je ne peux pas, et vous m’en voyez désolé, à chaque fois, surtout quand il y a urgence, provoquer des réunions. C’est une perte de temps, alors que le temps, c’est ce qui nous manque le plus. Moi, je vais droit au but ! Je décide, je prends mes responsabilités et je les assume. L’intérêt de la commune justifie parfois certaines entorses aux textes. C’est ça, à mon sens, qui gêne la dissidence comme vous l’appelez. Ils me reprochent de ne pas les consulter à chaque fois. Je leur rappelle que je suis le président de l’APC et qu’à ce titre, si je n’ai aucun pouvoir de décision, à quoi bon occuper le fauteuil ! D’autre part, l’APC, c’est le travail sur le terrain, pas les bureaux climatisés. Ce qui importe, c’est le ou les chantiers.
Votre propre formation politique, le FLN, vous lâche. D’abord les quatre élus municipaux, aujourd’hui c’est le mouhafadh qui affirme ne pas vouloir s’immiscer dans vos affaires. Pis, il vous conteste toute qualité de militant. Quelle est votre lecture de ce lâchage ?ll Au mouhafadh qui me dénie le droit d’appartenir au FLN, je rétorque que je m’inscris en faux contre ces allégations. Je suis du FLN, l’Algérie, c’est le FLN, mon sang est FLN, le FLN, c’est le pouvoir, le pouvoir c’est l’argent et l’argent, c’est les hommes ! Quant à mes amis élus APC du FLN, je leur dirais tout simplement que le peuple m’a confié une tâche pour laquelle j’ai accepté de m’investir jusqu’au dernier jour de mon mandat.
Que préconisez-vous pour sortir de la crise ?ll Il n’y a pas de crise au sein de l’APC. Nous sommes dans une bonne ambiance de travail. Notre commune n’a jamais été en crise. Le retrait des onze élus ne peut en aucun cas empêcher les douze de la majorité de travailler. Notre méthode de travail, encore une fois dérange, plus qu’elle ne génère une crise. Dans notre vision, une commune se gère comme une société et je suis en train de gérer la commune comme je gère ma société. N’en déplaise à certains.
Vous avez promis de rendre à Béjaïa son lustre d’antan. Huit mois après votre arrivée à la tête de l’APC, la ville est toujours aussi sale. Que comptez-vous faire pour redresser la situation ?ll Concernant le manque d’hygiène à Béjaïa, c’est une affaire qui concerne l’ensemble des citoyens. Il faut changer les mentalités. Les citoyens doivent prendre conscience que c’est l’affaire de tous et qu’ils doivent mettre un terme à certaines pratiques. Ainsi, la ménagère doit se discipliner davantage et sortir sa poubelle à l’heure recommandée par la commune. Une prise de conscience s’opère graduellement et implique les jeunes qui, chaque fin de semaine, sur deux jours, s’adonnent à des opérations de volontariat. C’est ainsi que le grand cimetière de Béjaïa a subi une toilette, car chez nous, même les morts ne sont pas épargnés par la saleté des vivants. Le respect des vivants passe aussi par le respect des morts. Je lance un appel vibrant à la population pour qu’elle s’autodiscipline. Concernant les moyens, je m’engage à mettre à la disposition des quartiers qui en feraient la demande, tous les moyens disponibles. En contrepartie, la commune organisera des excursions pour les volontaires.
Quels sont vos projets et priorités immédiats ?ll Mon objectif prioritaire est la création d’emplois pour les jeunes. Ensuite, il faudra reloger les gens de Bir S’lam. J’ai l’extrême privilège d’annoncer à la population que la situation s’est débloquée grâce au wali et au chef de daïra. Le wali m’a promis que sitôt certaines urgences traitées, l’opération recasement va débuter. Ce qui me tient à cœur aussi, c’est la situation des habitants du plateau Amimour, pour lesquels je ferai le maximum. Pour la ville, ce qui urge, c’est la réfection des routes, de l’éclairage public, de l’hygiène à améliorer. La place Ifri sera réaménagée et rendue le plus tôt possible à ses commerçants.
Et pour l’échéance de 2007 ?ll Je termine d’abord ce mandat. Pour 2007, je m’en remets au peuple. Il lui appartient de choisir et de décider s’il me renouvelle sa confiance ou pas.
Entretien réalisé par Mustapha Ramdani