Développer la culture du figuier de Barbarie

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Une journée d’étude sur la culture du figuier de Barbarie a été organisée, hier, par la Chambre de l’agriculture de la wilaya de Bouira.

C’était en collaboration avec l’association nationale pour le développement du cactus. En effet et pour l’occasion, des spécialistes sont intervenus pour inciter les agriculteurs à s’intéresser à cette filière annoncée comme étant «prometteuse».

Ainsi, il sera fait état que le Haut commissariat au développement de la steppe (HCDS) a initié une plantation de 52 000 hectares de figuier de Barbarie sur 25 wilayas à travers le pays et que la superficie continue à s’étendre.

«Étant donné que les statistiques ne sont pas disponibles en Kabylie, le figuier de Barbarie, omniprésent, est planté pour réaliser des clôtures ou pousse à l’état sauvage en l’absence de périmètres bien déterminés pour sa culture», déclarera Oulebsir Nadira, ingénieur d’État en agronomie attaché à la DSA de Béjaïa et vice-présidente de l’association nationale pour le développement du cactus.

L’oratrice révélera par contre que dans la steppe, il existe des vergers de figuier de Barbarie et à travers la wilaya de Bouira cinq communes ont bénéficié de ces plantations sur 12 périmètres équivalents à 3 067 hectares inclus dans le bilan de la Hodna de 31 359 hectares. «Il faudrait établir au préalable des statistiques à l’échelle nationale pour recenser le parc dont l’Algérie dispose, de même pour identifier l’ensemble des variétés qui existent.

Avec l’association, nous avons collecté des échantillons un peu partout dans différentes wilayas, mais la collection la plus grande se trouve actuellement à Souk Ahras, dans l’exploitation de M. Mohamadi, président de l’association nationale pour le développement du cactus, où plus d’une trentaine de variétés ont été recensées.

Mais en l’absence d’une étude variétale en Algérie, impossible de déterminer s’il s’agit de variantes ou d’espèces à part entière. Par exemple, à Seddouk, dans la wilaya de Béjaïa, il existe une qualité de cactus qui produit des figues de Barbarie «4 saisons». Il doit s’agir d’un micro climat aux zones humides de la région et le cactus y fleurit toute l’année.

Mais nous ne pouvons pas dire qu’il s’agit d’une nouvelle variété ou d’une variante», expliquera-t-elle. La vice-présidente de l’association se targuera toutefois de l’avancée en Algérie en matière d’organisation de plantation du cactus : «Par rapport à nos voisins tunisiens et marocains, nous sommes mieux organisés en matière de plantation de figuiers de Barbarie et l’Algérie s’en sort mieux du côté plantation et planification pour développer cette filière.

Par contre, sur le plan organisation, il reste encore du travail à faire. Cette filière existe qu’on le veuille ou non. Nous disposons de plantations, de transformateurs et le marché demande ces produits. C’est le rôle de l’association d’organiser cette filière en coordination avec tous les maillons entrant dans cette culture. Dans nos pays voisins, depuis 2001, ils se sont lancés dans cette filière avec l’aide des investisseurs étrangers, ce qui n’a pas été le cas pour l’Algérie», affirmera Mme Oulebsir.

De l’huile de pépins de figue de Barbarie à 1 000 euros le litre

Il sera ainsi démontré aux agriculteurs présents des bienfaits du figuier de Barbarie. «Je pense que la plante entière, de son épine à la raquette en passant par la fleur et le fruit et même ses racines, apporte que des bienfaits au corps humain. La fleur séchée est utilisée comme remède pour la prostate, pour les enfants afin de les aider à avoir de l’appétit, dans le traitement des diarrhées et même pour les produits cosmétiques. Ceci dit, la fleur doit être séchée. Ensuite vient le fruit qui est épépiné pour en retirer les graines afin d’en presser l’huile végétale. Un procédé assez simple qui demande toutefois des moyens pour extraire les graines du fruit, les séparer et les faire sécher avant d’en extraire l’huile. Une extraction à froid qui en fait ainsi l’huile la plus chère du monde qui coûte entre 1 000 et 1 300 euros le litre, au prix de gros bien sûr, car il faut une tonne de pépins pour un litre d’huile. L’huile contient beaucoup d’éléments de matières actives, en premier lieu la vitamine E et A ainsi que des antioxydants. Lors de l’épluchage de la figue de Barbarie, les épluchures sont utilisées pour l’aliment de bétail, la pulpe est transformée en jus, en confiture ou en vinaigre et tous ces produits sont fabriqués ici en Algérie, plus précisément à Souk Ahras. Pour le vinaigre, la production atteint les 4 000 litres par récolte et ses vertus sont multiples. «Le fruit en lui-même est rafraîchissant et permet la réhydratation, il convient également aux diabétiques de type 2 car il contient moins de sucres et de calories par rapport à une pomme et contient de la pectine pour faire baisser le taux de triglycérides. Une pectine que l’on retrouve en abondance dans les raquettes du figuier de Barbarie et qui sont également comestibles», développera la conférencière qui mangera devant l’assistance un morceau de raquette qu’elle compare à du kiwi, en disant que «c’est très bon en salade.» Mohamed Mohamedi, agriculteur à Souk Ahras et président de l’association nationale pour le développement du cactus (figuier de Barbarie), un des pionniers dans le domaine, racontera que lors de ses débuts en voulant revaloriser les exploitations de figuier de Barbarie, il a été confronté aux sarcasmes des autorités. Ce n’est qu’après qu’il a été encouragé et actuellement à Souk Ahras, cinq nouveaux périmètres ont été dégagés pour la plantation de ces cactus. Souk Ahras ainsi que Tebessa sont justement les deux wilayas considérées comme étant des pôles d’excellence dans ce domaine.

Diversifier les habitudes alimentaires

M. Akkouche Abdelmalek, secrétaire général de la chambre d’agriculture de Bouira, soulignera que c’est justement pour inciter les agriculteurs à revaloriser le patrimoine du figuier de Barbarie que cette journée a été organisée. «Comme tout le monde le sait, la wilaya de Bouira dispose de figuiers de Barbarie mais simplement les agriculteurs n’en tirent pas profit car il n’est pas mis en valeur. La figue de Barbarie a beaucoup de vertus et d’avantages économiques et nous voulions aujourd’hui, par cette rencontre, inciter les gens à s’intéresser à cette culture. Nous avons invité le président de l’Association nationale pour le développement du cactus qui est venu spécialement de Souk Ahras, ainsi que la vice-présidente qui est ingénieur agronome, des spécialistes qui militent pour la mise en valeur de la figue de Barbarie. Il est temps de mettre en valeur la figue de Barbarie et c’est là une mission de la Chambre d’agriculture de Bouira qui cherche à diversifier les fruits et les viandes. Il ne faut pas rester avec les mêmes habitudes alimentaires en consommant toujours les mêmes aliments», soulignera-t-il. Ainsi, tout le long de leurs interventions, les spécialistes ont mis en exergue les bienfaits du figuier de Barbarie pour sa transformation dans le domaine de la cosmétique et pharmaceutique. On apprendra également que plusieurs études ont été lancées pour démontrer l’efficacité des bienfaits de cette plante afin de traiter l’Alzheimer : «Nous sommes une association qui envisage de développer cette filière agricole. Nous œuvrons actuellement pour l’exportation de l’huile de pépins de figue de Barbarie et nous sommes confrontés à un problème avec l’exportation qui est la certification. Aucun organisme ne peut le faire ici en Algérie. Seul ECOCERT est habilité à nous délivrer ce certificat. La Tunisie dispose d’un de ses représentants qui s’est déplacé en Algérie pour faire les prélèvements de cette huile. Nous devrions avoir ce certificat d’ici un mois et pourrons ensuite exporter une petite quantité de 100 litres. Même le vinaigre sera agrémenté par ce certificat renouvelable chaque année, car soumis à un contrôle régulier», indiquera Mme Oulebsir.

Hafidh Bessaoudi

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