Des voix discordantes grondent de plus en plus au FLN. Djamel Ould Abbès plébiscité, fin 2016, en remplacement de Saidani pour jouer le rôle de rassembleur, semble subir à son tour la vague de contestation.
Le parti est plus que jamais divisé en plusieurs clans, ce qui est annonciateur d’un échec pour l’actuel SG au-delà des résultats des législatives qui ont vu le frère ennemi, le RND, lui chiper pas mal de sièges au parlement. Les membres du comité central ont, à en croire des bruits insistants, entrepris une démarche de destitution et auraient déjà récolté les deux tiers des signatures nécessaires, mais on semble faire profil bas en attendant le geste acquiesçant d’en haut. Le président de la direction unifiée du parti, comme il aime à se présenter, à savoir M. Belayat, contacté par nous soins, fidèle à sa position, a lui d’emblée remis en question la légitimité dudit comité. «C’est un faux comité central», dira-t-il en expliquant : «Ce comité est composé de 450 membres déclarés, mais en réalité il se réunit avec plus de 500 membres, qui ne sont donc pas tous du comité». La démarche est qualifiée par M. Belayat d’«égoïste et personnelle», motivée seulement par le fait que «ces gens n’ont pas été choisis lors des dernières législatives». Pour lui, «ils tentent de se redonner une légitimité». Le meneur de la première aile des redresseurs au FLN ne s’associe donc pas à cette autre initiative qui prône ouvertement la destitution d’Ould Abbes, à entendre par là le clan Abada. Belayat pense que «seul le président du parti, Abdelaziz Bouteflika, peut changer la situation en prenant la décision de relever Ould Abbès, comme il l’a fait avec l’illégitime Saidani». Il estime que le président «est le seul à avoir la légitimité et donc tout le monde doit s’adresser à lui». Notre interlocuteur notera cependant que la direction unifiée qu’il représente «ne reconnait pas Ould Abbès comme secrétaire général du parti, vu qu’il n’a jamais été élu, mais a été imposé, et qu’il a fait beaucoup de mal au parti, c’est pour cela qu’il doit être relevé». En réaction aux déclarations de son camarade dans le parti, Abdelkrim Abada, président de la deuxième aile des frondeurs, à savoir le mouvement pour le redressement et l’authenticité du FLN, qui avait déclaré à nos confrères du Temps d’Algérie que «… Belayat et beaucoup plus proche de Belkhadem, alors que nous, nous ne nous inscrivons pas dans une démarche d’allégeance aux personnes». Réagissant à cette déclaration, notre interlocuteur dira : «M. Abada se trompe lourdement, quand il dit ça. Durant toute ma carrière, je n’ai jamais fait allégeance aux personnes». Et d’ajouter : «Lui (Abada Ndlr), il continue à poursuivre Belkhadem par sa rancune, il devrait pourtant savoir que Belkhadem a été évincé du parti en 2013 et qu’il n’a plus aucun pouvoir». M. Belayat a par ailleurs estimé qu’il n’avait aucune raison de faire allégeance à Belkhadem : «Je suis plus âgé que lui, ma carrière est plus riche que la sienne, il n’a plus de pouvoir, il n’a rien, c’est de la méchanceté gratuite de la part de Abada». Belayat ne mâchera pas ses mots et continuera à tirer à boulets rouges sur son camarade : «M. Abada dit que le seul fautif c’est Bouteflika, pourquoi alors aujourd’hui il lui adresse une lettre ?», s’est-il interrogé. «En 2014, M. Abada est allé faire allégeance à Saidani, ce dernier l’a rejeté. Il est allé faire la même chose avec Ould Abbès, mais celui-ci aussi l’a rejeté», a-t-il ajouté, en réaffirmant sa position clairement : «Moi, j’ai rejeté Saidani et je rejette Ould Abbès». Pour la direction unifiée du FLN, la solution à la crise au sein du parti au pouvoir ne peut être envisagée en dehors d’«une réaction de la part du président de la République en relevant Ould Abbès», puis «l’installation d’une direction transitoire pour aller par la suite vers un congrès». Belayat a toutefois rassuré qu’il n’exclut «personne dans la démarche, y compris Abada».
Kamela Haddoum.