Mammeri ou le combat identitaire

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S. Ait Hamouda

Mammeri l’intellectuel de haut vol, le romancier hors pairs, le poète inspiré, le linguiste lucide, l’anthropologue avisé, le guerrier des lettres pour l’indépendance de son pays. Ainsi, lorsque s’enclencha la résistance armée contre le colonialisme, M. Mammeri mettra sa plume au service de la cause et ce n’est que grâce à «la complicité d’amis français» qu’il échappa à l’arrestation. Sous le pseudonyme de Bouakaz, il rédige plusieurs articles de presse, notamment le dossier de la question Algérienne que M’hamed Yazid défendra aux Nations Unies en 1957. Il quitte l’Algérie pour le Maroc où son oncle réside toujours. En 1955, il publie chez Plon son second roman « Le Sommeil du juste » et une nouvelle « Le Zèbre » (Preuves, juin 1957). Aujourd’hui, après une guerre des plus terribles, des plus atroces, des plus sanguinaires beaucoup de choses ont été dites, bonnes ou mauvaises. Ne dit-on pas qu’«un aigle peut voler aussi bas qu’une poule mais une poule ne peut jamais voler aussi haut qu’un aigle». Il répondait avec un art débonnaire, la répartie cassante et l’humour bon enfant à ceux qui tentaient de réduire son œuvre à un tout venant de littérature française mais ne reconnurent pas en lui l’Algérie. C’est bien plus tard qu’ils se ravisèrent et revinrent à de meilleurs sentiments. Aujourd’hui que le pays est en phase avec son identité, le mérite ne revient-il pas à Mammeri ? Certes, oui, il a bravé des interdits, des censures, des autodafés. Et pourtant, il a réussi bien après sa disparition à rendre tamazight aux Amazighs, n’est-ce pas que la justesse de ses vues a été plus que sagace, plus qu’éclairée, et plus que nationalement globalisante. C’est la norme commune à tout Algérien d’assimiler son identité, sa culture, son Histoire et son être. Mammeri a été, est et sera le plus petit dénominateur commun qui résout nos petites différences en les faisant fructifier. Il restera un monument dans notre Histoire comme un grand savant qui a tous les mérites, c’est pourquoi un timbre et l’année écoulée lui ont été consacrés pour son centenaire.

S. A. H.

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