Une petite entreprise implantée sur le territoire de la municipalité de Seddouk, spécialisée dans les produits oléicoles et du terroir, est, depuis des années, dans une situation inextricable. «Nous nous retrouvons dans une situation handicapante», dira avec dépit le gérant de cette entité, M. B. Khodja en l’occurrence. Dans un courrier adressé dernièrement au Gouverneur de la Banque d’Algérie, le jeune patron voulait notamment attirer son attention sur ce qu’il qualifie «d’agissements déloyales» d’un établissement financier étranger de droit algérien. Créée en 2000 et activant dans l’agroalimentaire, l’entreprise a débuté avec 25 ouvriers et des centaines de saisonniers. La descente aux enfers de cette PME a commencé lorsqu’elle a financé, par cette banque étrangère de droit algérien, l’acquisition de ses équipements de conditionnement, de transformation et de stockage, en vue de sa mise à niveau. Mais quelques mois après avoir contracté ce crédit, les dirigeants de la société se sont retrouvés, selon eux, «piégés dans un imbroglio juridique» duquel ils peinent à sortir, d’où la saisine du Gouverneur de la Banque d’Algérie. La SNC Khodja et compagnie commercialise différentes catégories d’huiles d’olive, des câpres, des figues sèches ainsi que des fruits et légumes. L’établissement, situé au cœur d’un patrimoine oléicole important, est, selon son responsable, «riche d’un savoir-faire qui l’a hissé au rang de première conserverie moderne » dans la région. Elle disposait même, ajoutera-t-il, de «grandes potentialités à l’export en ce qui concerne l’huile d’olive et les olives de table, ainsi que la figue sèche.» L’entreprise a, en effet, réalisé sa première exportation en 2006 : «Plus de 80 000 tonnes d’huile vierge conditionnée en bouteille et en vrac avaient été expédiées vers l’Europe et l’Amérique», soulignera le même responsable. C’est le cas aussi durant les exercices suivants. Mais face à la rigueur de ces marchés, les dirigeants avaient compris que pour être compétitifs, il fallait mettre à niveau l’entreprise. Et ce, par la mise en place d’un système de management de la sécurité des denrées alimentaires conformément à la norme ISO 22000 V2005. Le management de la sécurité des denrées alimentaires aide, justement, les organismes à identifier et à maîtriser les dangers liés à cette sécurité. Aussi, des démarches ont été entreprises auprès des autorités. Un investissement de 50 millions de dinars était essentiel pour la réalisation de cette opération, qui a bénéficié du soutien de l’Agence nationale de développement de la petite et moyenne entreprise (ANDPME) et du Fonds de garantie (FGAR). L’investissement consistait en l’acquisition d’équipements modernes de conditionnement, de transformation et de stockage. L’entreprise était domiciliée auprès d’une banque publique. Mais, dira le gérant de cette entreprise : «Notre banque prenait un temps considérable pour le traitement du dossier d’autant que l’on était tenu par les délais, accordés par l’ANDI. Aussi, lorsque nous avons été approchés par les représentants de cette banque étrangère, qui se sont déplacés au siège de l’entreprise et nous ont proposés leur service, on a opté pour elle.» Et après le premier exercice où les choses s’étaient passées normalement, précise-t-il, «nous nous sommes rapprochés à nouveau pour finaliser nos investissements qui ont été réalisés à hauteur de 30%. Nous avons poursuivi nos démarches qui consistent en le dépôt du dossier pour la réalisation des investissements programmés et restant à acquérir. Notre demande est restée sans suite. Après réclamation, on a été surpris par le gel de notre dossier. Et notre partenaire a exigé le remboursement intégral des montants des investissements, octroyés auparavant.» Plus encore, l’affaire a été portée devant les juridictions compétentes. Ce qui est, explique M. Khodja, «contraire à la convention qui lie les deux parties.» Depuis les blocages auxquels elle fait face, les effectifs de cette entreprise ont été réduits de près de 70%.
F.A.B.