«Tamazight doit être "défolklorisée" et elle doit s'étendre à tous les départements sans exception au niveau des universités d’Algérie». C’est ce qu’a souhaité la cheffe de département de Tamazight de l’université de Bouira, lors d’une conférence qu’elle a animée, avant-hier, au centre culturel qui porte le nom de Lounès Matoub, à l’occasion du 62e anniversaire de la naissance du Rebelle.
À l’occasion du 62e anniversaire de la naissance du Rebelle, Matoub Lounès, le collectif des jeunes « Agraw Ilmeziyen » de Raffour a élaboré un riche programme d’activités qui s’est étalé sur trois jours. Ces activités, à caractères commémoratives, ont débuté dans la soirée de mercredi passé par la projection d’un film-documentaire sur la vie et l’œuvre de Matoub Lounès au niveau de la place publique. Dans la journée de jeudi, c’est le centre culturel, officiellement baptisé au nom du Rebelle, qui a abrité un concours ouvert au public de tout âge autour toujours de Matoub. Le plus important de ces activités a été réservé pour la journée de vendredi durant laquelle a été organisée en premier lieu le dépôt d’une gerbe de fleurs devant l’entrée du centre culturel, en face du portrait de Lounès. Une gerbe de fleurs acheminée à partir de la place publique en présence de Malika Matoub, de plusieurs personnalités et intellectuels, et d’une foule nombreuse dont des dizaines de femmes qui brandissaient une forêt de drapeaux aux couleurs amazighs. Une marche a été improvisée et a sillonné les ruelles de la localité puis le boulevard central. Les participants à cette marche ont scandé à gorges déployées des slogans tels « Assa azeka Matoub yela yela », tandis qu’un amplificateur diffusait à plein décibels des chansons du Rebelle. S’ensuit une conférence à l’intérieur du centre animée par Mme Ouatah Lynda, cheffe du département de tamazight à l’université de Vgayet dont le thème traite de l’œuvre de Matoub. L’on a noté la présence de nombreux chercheurs et professeurs en tamazight des universités de Bouira et Vgayet à cette conférence. Celle-ci qui a débuté par une allocution de Malika Matoub, sœur du chanteur assassiné, visiblement émue par l’engouement des citoyens de Raffour et des agglomérations voisines. Malika Matoub est revenue longuement sur la vie de son frère. Au cours de son intervention, elle s’est dite rassurée quant à la reprise du flambeau par la génération montante. La parole a été donnée ensuite à la conférencière Ouatah Lynda qui abordera le thème de : « Asentel n tmettant d usirem deg tmedyezt n lwennas », (La mort et l’espoir dans la poésie de Matoub Lounès). L’oratrice qui a cité et expliqué plusieurs chansons du Rebelle dira que ces chansons ont servi de courroies de transmission de la culture berbère entre l’ancienne et la nouvelle génération. Elle dira ensuite que tamazight doit être défolklorisée et doit s’étendre à tous les départements sans exception au niveau des universités d’Algérie. «Tamazight peut par le travail et l’effort s’aligner sur toutes les langues universelles», martela-t-elle. Elle fera appel aux étudiants et bacheliers de s’inscrire au niveau des départements de tamazight dans les universités y compris ceux qui suivent d’autres spécialités, cela dira-t-elle, «pour généraliser son utilisation dans toutes les activités sociales». Elle a terminé son intervention par un poème du Rebelle « Anekes aghebar seg anyir » (débarrassons nos fronts de la poussière). La conférence a été clôturée par un débat passionnant autour de la vie et l’œuvre du Rebelle auquel se sont prêté la conférencière et la sœur de Matoub.
Oulaid Soualah

