À Aïn El-Hammam où l’on croit trouver calme et verdure, il faut s’enfoncer loin dans les forêts pour dénicher un rare coin dénué de toute pollution. Il est de plus en plus difficile, en effet, de trouver un espace large et propre pour piqueniquer sur les bords de la route. Des monticules de terre et autres gravats y sont déposés, à bon ou à mal escient, c’est selon, par les riverains agacés par les arrêts de personnes aux comportements indécents. Non seulement ils gênent les honnêtes gens qui travaillent en contrebas par leurs discours et leur musique à la limite des règles de bienséance qui régissent nos contrées montagneuses, mais aussi ils ne se gênent pas d’abandonner sur place ou dans les bois environnants les emballages de leur repas. Non contents d’encombrer les fossés, ils s’en prennent maintenant aux champs situés en bordure de la route. Pour les contrer, les propriétaires de ces terrains rivalisent de stratagèmes. Certains érigent des clôtures tout prêt de l’asphalte, alors que d’autres parsèment l’accotement de débris de verres, empêchant tout véhicule de s’en approcher. Las de ramasser des bouteilles et des canettes vides par dizaines, un paysan a décidé d’installer une barrière en parpaing le long de la route. «Ce qui n’empêche pas des personnes malintentionnées de jeter des sachets par-dessus le mur», regrette ce même paysan. Un autre, agacé, a bordé son champ par de la terre provenant de terrassements, par charges de camions entiers. Il nous confie qu’après avoir nettoyé son terrain, il a été obligé de creuser une fosse pour y enterrer les tas d’ordures qu’il a ramassées. Les champs non encore clôturés sont devenus des dépotoirs à ciel ouvert. Ce qui pousse leurs propriétaires à agir pour éviter aux individus malveillants de continuer à donner libre cours à leur incivisme. «On ne peut pas interdire à des buveurs de transformer leurs voitures en bar, ce qui est leur droit. Mais qu’ils abandonnent leurs emballages et divers autres déchets partout sur les chemins, peur être considéré comme une atteinte à la propriété privée ou publique et à l’environnement qui appartient à tous. Pourtant, de braves citoyens qui ramassent jusqu’au petit bout de papier avant de quitter l’endroit où ils ont profité de la verdure et de l’air pur, existent heureusement encore», dira-t-on.
A.O.T.
