à travers cet entretien, la présidente de l’association La voix de l’enfant de Béjaïa présente les missions de son collectif et cerne les objectifs qu’elle s’est tracés.
La Dépêche de Kabylie : Quand et dans quelles circonstances fut créée votre association ?
Zineb Ayadi: Nous étions un groupe de jeunes qui travaillaient dans le social dans la section du bureau de l’enfance, entre 2012 et début 2014, qui était jadis une organisation nationale. Nous avions beaucoup de difficultés à obtenir des subventions, car nous n’y avions pas droit. Nous décidâmes alors de créer une association autonome, pour pouvoir travailler d’une manière plus indépendante et répondre au mieux à la population de Béjaïa. Le 12 juin 2014, notre association a eu son agrément 019/2014 sous le nom de «La voix de l’enfant».
Quels sont vos objectifs ?
Comme je l’ai expliqué, nous étions des jeunes qui s’impliquaient dans l’action sociale. C’est là que nous avons été confrontés aux difficultés vécues par un grand nombre d’enfants et leurs familles. Nous nous sommes alors investis dans l’aide psychologique. Nous avons ouvert une cellule d’écoute, encadrée par deux psychologues volontaires. Nous menons également des opérations de sensibilisation et de vulgarisation sur les droits de l’enfant, dont des actions dans les écoles primaires, des conférences sur le développement de l’enfant et des parents, avec des coachs en développement personnel et des psychologues, des séminaires sur les différentes violences que subit l’enfant, une formation interne pour les adhérents dans la communication notamment sur les droits de l’Homme. Il y eu également une formation externe des acteurs associatifs sur des sujets qui se rapportent de près ou de loin à l’enfance. Nous initions par ailleurs des espace de débat sur des thématiques d’actualités avec des enfants ou des associatifs.
Quel est le bilan de vos activités durant l’année 2017 ?
L’année 2017 a été bien remplie en différentes activités. Nous avons même eu le plaisir de recevoir une artiste dessinatrice tunisienne Hayat Bamri qui souffre d’un grave handicap moteur et qui s’est retrouvée obligée de pratiquer son art avec sa bouche. Ce fut une expérience très enrichissante. Nous avons aussi organisé des réunions inter-wilayas, pour notamment la réalisation du projet «J’écris mes droits», avec l’association «Pour ceux qui ont un cœur» de Ghardaia, ainsi que l’association «La plume libre» de Médéa. Les échanges ont été assez fructueux, ce qui nous a permis de créer le collectif «La petite plume». Au mois d’août, nous avons eu l’immense joie de recevoir le message du programme Joussour qui a accepté de soutenir notre projet. L’année 2017 a également été intense en représentativité au niveau national et international et en cycles de formation de nos adhérent(e)s. Un bilan, ma foi, positif et prometteur pour l’avenir de notre association.
National Democratic Institute (NDI) est votre partenaire dans le domaine de la formation, peut-on en savoir plus sur cette collaboration ?
Le NDI sera notre partenaire dans une session de formation, celle-ci a porté sur la communication interne des organisations de la société civile notamment sur la gestion et l’animation des réunions. Ce sujet peut sembler banal au premier abord, quoi que les réunions soient le socle même du team building. Destinée aux leaders associatifs, seuls 15 militants ont été retenus pour cette session. Notre appel était destiné aux associations locales de la commune de Béjaïa, mais notre association s’est retrouvée avec des candidatures des wilayas d’Annaba, Skikda, Batna, Alger et Tizi-Ouzou, ce qui prouve l’importance du sujet et le besoin des associations de renforcer leurs capacités pour mieux se donner sur le terrain.
Quelles sont les actions majeures à réaliser pour cette année 2018 ?
L’une des actions majeures a déjà commencé, avec l’exécution du projet «J’écris mes droits» soutenu par le Programme Joussour. Son exécution se fera à travers 3 wilayas différentes, Béjaïa, Médéa et Ghardaia. Seuls 48 adolescents, âgés entre 13 et 17 ans, bénéficieront d’un cycle de formations qui sera composé d’une session d’ateliers d’écriture et une autre des séances de coaching personnel pour améliorer la confiance en soi. A la fin de ce projet, un recueil sera publié regroupant les 48 récits écrits par les 48 enfants participants à ce projet, ce même recueil sera distribué pour des enfants qui ont la même tranche d’âge qui fera l’effet d’une thérapie à travers la lecture. Il faut savoir, que ce projet durera 15 mois, soit jusqu’au mois de février 2019. L’autre action consistera en la création de la plateforme associative regroupant 3 associations portant la même dénomination (ou presque) à travers le Grand Maghreb, «La voix d’enfant d’Agadir» (Maroc), «La voix de l’enfant» de Béjaïa (Algérie) et «La voix de l’enfant Rural Médenine» de Tunisie. Cela aboutira donc à la création de la plateforme de «La voix de l’enfant maghrébin».
De quels moyens disposez-vous pour accomplir votre mission ?
Le plus important pour une association c’est la ressource humaine. Sans bénévoles, aucune organisation ne pourra avancer. C’est pour cette raison que notre association axe son travail et mise sur la formation de son personnel, non rémunéré, ce qui constitue 80% de nos actions. Aujourd’hui, nos bénévoles sont à un stade où ils réalisent leurs propres projets. Si je dois prendre un exemple, je citerai la collecte solidaire du 15 au 17 février 2018 qui a été menée par les bénévoles et réalisée par pas moins de 25 personnes qui se sont positionnées dans les supérettes et les centres commerciaux, sensibilisant les citoyens sur les cas des enfants défavorisés. L’opération a profité à 79 familles qui ont bénéficié de couffins bien remplis. Nous avons même reçu les félicitations de M. Kirk Duguid, conseiller politique au service de la politique étrangère et de la diplomatie à l’ambassade du Canada en Algérie. Il a plaidé en notre faveur auprès d’une ONG internationale. Je tiens, pour terminer, à remercier votre journal pour cet espace de communication qu’il nous offre. Nous souhaitons une année 2018 pleine de réussite pour les enfants qui sont la priorité de nos projets.
Entretien réalisé par Rachid Z.