Lemghasel, un village resté à l’état… naturel

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Lemghasel est un tout petit village situé aux frontières des wilayas de Boumerdès et de Tizi-Ouzou.

Administrativement, ce bourg, d’une dizaine de maisons à peine, appartient à la commune de Makouda. Mais pour s’y rendre, pas de transport, ni même d’éventuels fraudeurs. Il faut avoir sa propre voiture ou louer un taxi. Le voyage en vaut la peine. A Lemghasel, la nature n’est pas avare. Elle livre ses secrets sans aucune retenue. Et le secret de ce petit village, seuls ceux qui sont à la recherche de remèdes naturels le connaissent. Lemghasel a, en effet, une particularité que l’on ne peut retrouver ailleurs : toutes les maisons ont la réputation d’avoir une personne qui a le don de guérir une maladie particulière. Sur place, des personnes en témoignent. Pour aller à Lemghasel, nous avons été au chef-lieu de Makouda. A la recherche d’un transport, les habitants nous ont orienté vers le quai du village Agouni Bwaklan, à Attouche. Mais la précision qui revient tout le temps et que d’Agouni Bwaklan à Lemghasel, il reste un bon bout de chemin qu’on ne peut faire à pied. Un transport loué se fait indispensable. La route est étroite mais bien entretenue. Sinueuse, elle nous mène entre les lignes d’oliviers jusqu’au lieu-dit Achrouf Temravet. Nous sommes presque à quelques pas du territoire de la wilaya de Boumerdès. Le village est minuscule. Il se dissimule entre les grands oliviers ancestraux. Au pied du plus important, situé entre les maisons, était assis un homme âgé. C’est une sorte de guide qui reste là pour orienter les visiteurs. Notre interlocuteur était d’une délicatesse invraisemblable. Sans se faire prier, il se leva difficilement pour nous orienter. Invraisemblable ! Le vieil homme montre toutes les maisons. Chacune possèderait une personne qui a le don de soigner une maladie. Sur place, nous avons trouvé un témoin qui dit s’être fait soigner de la sciatique. Il raconte qu’il a dû s’y rendre plusieurs fois pour suivre un traitement efficace. Le remède pour lui, c’est une plante qu’il ne connaît pas. Mais il témoigne qu’au bout de quelques séances, avec le vieux maître d’une maison, une amélioration est ressentie. Un autre homme, venu d’un pays européen avec sa fille atteinte d’un exéma, qui lui a endommagé toute la face, témoigne à son tour qu’après quelques traitements avec une plante connue sous l’appellation Bounardjouf en kabyle, la maladie a complètement disparu. Pour le père, c’est un miracle, car il a fait, précise-t-il, tous les pays européens à la recherche d’un bon dermatologue, sans succès. De l’autre côté, une maison en pierre est couverte de feuillage de plusieurs arbres. A l’intérieur, c’est une femme d’un certain âge qui officie à la manière des anciens. Elle soigne les maladies des femmes. Les remèdes, pour précision importante, sont faits à base de plantes. Rien que des plantes. C’est une médecine traditionnelle telle qu’elle a été pratiquée par nos ancêtres pour qui la nature n’avait point de secrets. A Lemghasel, c’est justement ce savoir des anciens qui se perpétue à l’abri des regards. Les remèdes sont dispensés aux malades sans tarifs.

Akli N.

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