La nécessité de se fédérer et de se rassembler pour la réussite de l’opération de labellisation de l’huile d’olive a été soulignée hier devant les oléiculteurs de la région des Aït Ghobri. Réunis à Azazga, les producteurs de l’huile d’olive des daïras d’Azazga et de Bouzeguène, dont la production annuelle est des plus prolifiques, ont été longuement renseignés sur les retombées bénéfiques, tant sur le plan commercial qu’environnemental de la labellisation de leur produit. La rencontre, organisée conjointement par l’association « achvayli n’Ath Ghobri », la chambre de l’agriculture et la direction des services agricoles de la wilaya (DSA), a été une occasion d’expliquer aux différents acteurs de la filière oléicole que cette opération ne manquera pas de générer des bénéfices multiples. D’autant que la demande de labellisation est déjà envoyée par ladite association, mais sa réussite dépend essentiellement de l’adhésion de la population à cette démarche et au cahier des charges qui doit être respecté minutieusement. D’abord, les différents intervenants ont dressé un constat des lieux de la filière oléicole algérienne, qui est l’une des moins compétitives en Méditerranée, alors même que l’huile d’olive algérienne affiche quelques atouts porteurs s’ils sont valorisés dans le cadre d’une indication géographique. Ainsi l’objectif de cette journée est de répondre à la question de savoir pourquoi et comment labelliser l’huile d’olive kabyle pour faire face de la faible compétitivité du produit standard, à la forte concurrence sur le marché mondial et à la demande de différenciation des consommateurs. Les résultats obtenus montrent que l’huile d’olive locale, par sa qualité et son lien fort aux terroirs et à la culture des populations montagnardes, peut s’imposer sur le marché des huiles de qualité, grâce aux indications d’origine. La capacité des sociétés rurales des zones de montagne à se mobiliser pour mettre en valeur ce produit, apparaît comme une condition préalable du processus. La réappropriation de ce patrimoine et le soutien institutionnel semblent également nécessaire. Le professeur Arkoub de l’université de Tizi-Ouzou a traité de la question lancinante de « pourquoi labellisation ? ». Il indiquera que: «dans un monde de globalisation et d’ouverture des marchés, les produits du terroir apparaissent comme une solution à la malnutrition. Et c’est une tendance mondiale. Ainsi, pour renforcer le prestige des produits de la Kabylie, mais aussi et surtout, pour mieux les vendre, il faut créer et assoir un mécanisme commercial et honnête. Il est donc indispensable de passer par cette étape». Et le conférencier de dresser un constat amer dans ce domaine où comme il l’indique : «Il y a des imposteurs nationaux et internationaux qui proposent et vendent des huiles de mauvaise qualité sous des labels d’origine de Kabylie.» Répondant à la question de savoir qu’appelle-t-on un terroir, M. Arkoub affirme : «Le terroir est un espace géographique délimité, où une communauté a construit, au cours de l’histoire, un savoir-faire. Pour ce qui de la Kabylie, la tradition oléicole est séculaire d’où l’intérêt grandissant pour ce produit qui constitue un véritable patrimoine qu’il faudrait, non seulement sauvegarder, mais passer à une étape supérieure, à savoir le valoriser». En effet, comme l’a souligné le conférencier, l’intérêt du produit de terroir est : «la mise en valeur d’un produit, d’une région et faire connaître une culture, une histoire, affirmer sa réputation et acquérir une charge de sympathie, tout en préservant l’environnement.»
Comment obtenir le label ?
En ce qui concerne la législation en vigueur pour l’obtention d’un label, le conférencier fera référence au décret 13-260 en date du 7/7/2013 qui fixe le système de qualité des produits agricoles, et qui a institué des logos comme IG (indication géographique) et AO (appellation d’origine). M. Oukaci, inspecteur phytosanitaire à la DSA et spécialiste en matière oléicole a mis l’accent sur la nécessité de l’amélioration et l’organisation de la filière oléicole, en insistant sur le respect de certaines mesures comme la maîtrise des techniques d’élagage, de transport et d’entretien des arbres. Partant d’un constat réel, il indiquera : «Il est nécessaire d’adopter de nouvelles méthodes scientifiques dans la cueillette des olives. Cueillir le fruit à temps, le transporter dans des caisses et non dans des sacs, dans les plus brefs délais aux huileries pour sa trituration, augmentera considérablement sa qualité. Ceci nous permettra de produire des huiles extra-vierges au taux d’acidité ne dépassant pas 1% pour répondre aux standards mondiaux, contrairement à l’actuelle méthode qui donne des huiles lampantes aux taux d’acidité dépassant 3% et qui sont non conformes aux standards mondiaux. Ce qui réduit considérablement leurs prix. Un autre point important soulevé lors de cette rencontre est le compostage des grignons des olives. Le professeur Arkoub informera que le village Azemour Oumeriem, récent vainqueur du concours du village le plus propre, est en stade très avancé dans ce domaine, puisqu’ ils sont arrivés à faire du composte avec cette matière première. Le processus de compostage n’est pas difficile et peut être reproduit partout, surtout pour ses bénéfices économiques et environnementaux. Le village indiqué plus haut est d’ailleurs demandeur de cette matière car des industriels font du compostage et génèrent des recettes importantes.
M. I. B.
