“La société face aux changements” en débat à Tigzirt

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Le professeur Saïd Bouizeri a animé dans l’après-midi de jeudi dernier, une conférence-débat au centre culturel de la ville de Tigzirt. Ladite conférence a été organisée par l’association de la mosquée de cette ville. Plusieurs dizaines de personnes de tout âge ont assisté à cette rencontre où le débat a été chaud et d’actualité. Le thème choisi a été “La société face aux changements”.Après une brève présentation faite par le conférencier, la parole a été donnée aux participants qui ont interrogé cet universitaire sur des sujets qui se rapportent à la crise dans la société et les maux dont cette dernière souffre, à l’exemple du suicide, de la perte de repères, la délinquance etc.Le conférencier considère que le “tableau de bord donne des signaux rouges et qu’il est temps de réagir pour protéger la société face aux bouleversements de l’heure. Pour y parer il suggère un retour à nos valeurs ancestrales ou ce qu’il aime appeler “tajadith”. “Nous sommes en danger. La solution réside dans le retour à notre tajadith, faire inculquer dans les esprits des jeunes et de toutes les nouvelles générations, les valeurs ancestrales, grâce auxquelles nos aïeux ont fait face à tous les défis”. Et d’ajouter : “Une société qui refuse de se déraciner, n’aura point peur de disparaître ou de se perdre”. Un jeune présent pose une question : “Mais c’est quoi exactement tajadith ?” “Tajadith ce sont les valeurs d’un culture millénaire qui a survécu à tous les temps. Tajadith c’est tiwizi, qui veut dire solidarité familiale, communautaire. Avoir un esprit ordonné, être correct et courageux etc..”En réponse aux questions posées par l’assistance, le professeur Bouizeri a abordé plusieurs analyses ayant trait au sujet et ce, en allant de l’individu en passant par la famille, jusqu’à la notion de la mondialisation.Selon lui, bien avant, la société a eu pour enjeu la richesse, qui sert comme moyen de domination. Dans les temps actuels, le moyen de domination est le savoir, qui sous-entend la technologie. Selon lui, dans le futur, lorsqu’il n’y aura plus d’évolution, l’homme ou la société, cherchera à s’imposer par son utilité et sa serviabilité dans la vie.Pour mieux illustrer nos valeurs ancestrales, il a eu recours à des proverbes, des maximes et des citations kabyles d’autrefois, à l’exemple de la sagesse de cheikh Mohand Oulhocine. Il suggère d’actualiser notre culture et de s’armer d’un maximum de savoir pour faire face aux défis et aux embûches de l’heure. Pour lui, le savoir pour l’individu se résume en trois parties : la connaissance de son créateur, de son environnement et de sa propre personne.Pour ce dernier point, il cite les œuvres de certains philosophes qui traitent ce sujet, à l’exemple de “l’Homme, ce grand inconnu” d’Alexis Karel et “N’ayez pas peur” d’Edouar Sbersengez. En plus de ce juriste qui enseigne à l’université de Tizi Ouzou, d’autres professeurs ont intervenu, à l’exemple du biologiste Hassen Bessaou.En parlant de vols, d’insalubrité et d’autres maux qui cernent la société, les conférenciers ont considéré que la responsabilité incombe à l’Etat et au citoyen à la fois. “Il faut responsabiliser les responsables. Et chacun de nous est finalement responsable”, dira-t-il. Et d’ajouter : “Il faut assainir nos cœurs, nos esprits avant de procéder à assainissement de nos quartiers”. Selon lui, tout est dans la culture qu’il faut incruster.Le professeur qui a été écouté avec un silence religieux a suggéré de lutter et de tout consacrer pour acquérir le savoir. “Tout comme la liberté, le savoir ne se donne pas, il s’arrache”, dit-il.Au sujet de la mondialisation, qui est l’un des facteurs qui ont ébranlé nos valeurs, comme cela a été soulevé par un assistant, le professeur dira : “La mondialisation est une réalité. Elle porte en elle des valeurs positives et d’autres non prévues par notre société. Il ne faut pas la subir. Il faut chercher à lui faire face par le savoir et par le travail”.

Mourad Hammami

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