Les ramiers sont de retour

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Pour la deuxième année consécutive, les ramiers refont leur apparition après une disparition de plus de 25 ans. Grand voyageur, le ramier (azidoudh), dont l’envergure est nettement supérieur, à celle du pigeon, mais il lui ressemble à s’y méprendre, n’était le collier blanc qui orne le cou du ramier et la couleur unique légèrement bleu ciel, à la différence du pigeon qui comporte plusieurs couleurs du tacheté au noir au bleu uni. Les chasseurs reconnaissent le ramier au repos d’abord, il choisit les hauts arbres sur les collines pour avoir une vue d’ensemble large et dégagée et à son roucoulement caractéristique tout à fait différent de celui du pigeon. Des anciens chasseurs racontent qu’ils ont découvert des anneaux en métal enroulés autour des pattes de ramiers sur lesquels sont gravés des adresses de tous les pays scandinaves, ce qui permet de situer le continent d’où vient ce grand oiseau qui, toujours selon ces chasseurs, procède à la nidification et la ponte dans ces pays et émigre vers l’Afrique du Nord au début des saisons chaudes pour repartir à la fin de l’automne. Friand de figues fraîches et de raisin et ayant une chair très prisée, il faut le guetter dans les figueraies pour espérer le surprendre à l’aurore. Dès le grand jour, il regagne son perchoir loin de toute présence humaine et ne réapparaît qu’en fin de journée. Très prudent, ils ne commencent à picorer qu’après avoir installé des sentinelles qui donnent l’alerte au moindre danger. C’est un groupe composé d’environ une cinquantaine de volatiles qui est réapparu cette année et a élu domicile dans le même territoire que l’année passée, une vaste étendue forestière située entre Saharidj et M’chedallah, ce qui laisse supposer que c’est le même groupe qui est revenu. Donc l’espoir de revoir ce très beau volatile peupler de nouveau nos campagnes est permis, pourvu que les amateurs de la légendaire “sauce au ramier” le laissent s’habituer de nouveau à ces contrées, car en plus de l’utilisation du fusil de chasse, le ramier est capturé par un autre système, le “collet” qui se fabrique à partir d’une ficelle attachée à un pieu et terminée par un nœud coulant ou encore en l’appâtant avec un chapelet de fèves sèches ramollies après un séjour de 24h dans l’eau et à travers desquelles on passe une ficelle à l’aide d’une aiguille. Le ramier qui avale ces fèves (sans mâcher) est ainsi pris au piège, les fèves retenues par la ficelle, s’agglutinent dans son gosier, dont l’autre bout est rattaché à un pieu, mais si on tarde à inspecter le piège ainsi posé, l’oiseau meurt étouffé après s’être désespèrement démené pour se libérer. Espérons pour ce superbe et inoffensif oiseau que le plaisir de le voir voleter admirablement dans les airs et égayer l’atmosphère serait plus fort que celui d’en faire un rôti. L’administration compétente en matière de régulation de la chasse doit tenir compte de la présence, de nouveau, sur le territoire national de cet oiseau qui constitue un gibier très recherché. Interdire carrément sa chasse serait le meilleur moyen de l’inciter à s’installer durablement chez nous.

Omar Soualah

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