Combien ça coûte ?

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Après avoir passé un été difficile en matière de dépenses en raison des nombreuses fêtes familiales auxquelles les parents sont conviés, d’autres dépenses s’annoncent. Pour les plus nantis, ce ne sera qu’une goutte dans un océan. Mais pour les autres, ce sera une véritable saignée. Même si les fonctionnaires ont été soulagés quelque peu par cette augmentation de salaires, cela ne les empêchera pas de recourir au système “D” pour réduire un tant soit peu cette saignée. Pour les vêtements, c’est la ruée sur la friperie. De très bon matin, ces étals de vêtements d’occasion sont pris d’assaut par les parents en vue de soutirer de ces ballots exposés à même le sol de bonnes occasion. “Heureusement que ces fripiers ont pensé à nous, sinon nombre de parents enverront leurs enfants nus à l’école. Car, il n’y a pas seulement que les vêtements, il y aussi les autres fournitures”, dira un père de famille, fonctionnaire dans une mairie. Effectivement, en raison de l’érosion du pouvoir d’achat, peu de pères de famille, même ceux qui constituaient la classe moyenne n’arrivent plus à subvenir aux besoins élémentaires de leur progéniture. Ainsi, on peut trouver parmi ces clients des enseignants, des policiers, des infirmiers et même des médecins. Tout compte fait, scolariser deux à trois enfants reviendra à une famille, à pas moins de quinze mille, voire vingt mille dinars. A commencer par les vêtements. Un ensemble (tee-shirt, pantalon et chaussures) revient à deux mille cinq cent dinars pour un enfant dont l’âge varie entre six et douze ans, une simple robe, des chaussures et un tablier pour fillette sont proposés à mille cinq cent dinars. Et bien sûr, ce ne sont là que deux exemples choisis parmi tant d’autres. Ainsi, si les familles démunies se rabattent sur les habits d’occasion, d’autre optent pour les vêtement de fabrication chinoise qui inondent de plus en plus nos marchés. “Certes, ces habits “made in China” ne sont pas de bonne qualité, mais leurs prix attirent beaucoup de personnes. En tout cas, il vaut mieux les acheter neufs pour faire plaisir aux enfants que de leur offrir ceux déjà portés”, dira un autre client, commerçant de son état. Les avis recueillis à ce sujet diffèrent d’une personne à l’autre. Cependant celui qui nous a le plus touché est celui de Halim qui a passé toutes ses vacances à vendre des cigarettes, puis des cacahuètes et enfin des figues fraîches. Tout comme un grand, notre interlocuteur nous a confié qu’avec le gain récolté, il assurera une rentrée des plus normales non seulement pour lui, mais aussi pour ses deux sœurs. Orphelin de père, Halim n’est pas de ceux qui préfèrent tendre la main aux autres pour manger. “Avec mille dinars comme fonds de commerce, j’ai réussi à faire des bénéfices avec lesquels, j’ai acheté des vêtements pour toute la famille ainsi que les cahiers”, nous a-t-il dit timidement. Pour les livres scolaires, il a été très content, quand on lui a annoncé que le ministère de l’Education donnera gracieusement les manuels pour les orphelins et les nécessiteux. Effectivement, tout comme Hakim, on voit de petits débrouillards dans nos marchés, sur nos routes et devant les stades. A chacun ses raisons. Abordons le volet inhérent aux fournitures scolaires. Déjà, les trottoirs sont squattés. Peu importe pour les parents car leur seul souci est de se les procurer à des prix à leur portée. Effectivement, entre une librairie et ces libraires occasionnels, existe toujours une grande marge. Certes, il n’y a aucune raison pour encourager le marché informel, mais les parents n’ont en cure. Aussi, si les vêtements sont chers, les manuels notamment le sont excessivement depuis que l’Etat n’assure plus leur soutien. Exemple : deux enfants au primaire, un autre au collège et un dernier au lycée reviendraient pour un père de famille à plus de dix mille dinars pour les livres seulement, sans compter les cahiers, les stylos et autres fournitures. Pour la prime de scolarité, le même père s’il a déjà un emploi, ne percevra que trois mille deux cents dinars, c’est-à-dire huit cents dinars par enfant scolarisé. Pour les familles démunies pour lesquelles le président de la République a institué la prime de deux mille dinars par enfant, c’est l’incompréhension la plus totale. Car, rappelons-le, dans certaines communes, le parent n’aura droit que pour deux enfants sur quatre. D’ailleurs, il suffit de lire la presse nationale pour savoir que des contestations s’élèvent ici et là. Y a-t-il mauvaise interprétation du décret présidentiel à ce sujet ? C’est une question qui reste posée.Si les parents devraient donc s’acquitter de ce lourd fardeau, il ne faudra pas oublier qu’ils devront aussi consentir d’autres dépenses durant toute l’année scolaire pour les frais de transport et parfois la restauration de leurs enfants quand les cantines scolaires n’existent pas. Combien ça coûte ? Comme dirait l’autre.

Amar Ouramdane

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