Doit-on croire à un début de fin de règne des partis FFS et RCD en Kabylie ? Le terrain perdu par ces formations n’est un secret pour personne, même si les raisons de fond sont différentes. L’état des lieux des deux partis livre d’amères vérités aux forces militantes restantes, dont la désillusion fait son bonhomme de chemin jusqu’à déserter les structures.Les élections locales de novembre dernier sont un véritable terrain d’expérimentation du net recul et de la déliquescence atteinte par ces deux partis, qui pourtant des années durant, ont été les maîtres des lieux et seuls gardiens du temple. La prise en main de quelques APC, que ce soit par le parti de Hocine Aït Ahmed ou celui de Saïd Sadi, n’a pas été une opportunité pour les élus de donner le meilleur d’eux même, aux populations aux fins de crédibiliser leur tutelle politique, bien au contraire on a assisté à des retraits de confiance, des démissions, des exécutifs chamboulés, des militants de base qui se sont insurgés contre leurs propres élus. Toute cette déconfiture n’est guère fortuite ni spontanée, elle renvoie aux processus et itinéraires et la nature anti-démocratique de la gestion des structures par les leaders, qui outrepassent insidieusement et sournoisement leurs règles élémentaires de fonctionnement, sinon comment expliquer la sérénité de Hocine Aït Ahmed et de Saïd Sadi aux commandes des deux partis, sans alternance aucune en dépit de la tenue des congrès, quand cela arrive ?Le profil charismatique, historique, et révolutionnaire du leader du FFS a poussé la base militante à toujours élire Hocine Aït Ahmed comme président du parti, pour des considérations de crédibilité nationale et internationale, cela dit, le leader du FFS, absent du pays, a toujours failli dans le choix des hommes encadreurs du parti, la construction du parti s’en est lourdement ressentie. L’actuelle crise du parti, un sérieux bras de fer est engagé entre la base et plus de sept fédérations, qui s’insurgent contre la direction nationale, en exigeant son départ immédiat, cela renseigne sur la déroute prise par le FFS, dont l’option stratégique et le devenir du parti restent une énigme à élucider.La réunion tenue avant-hier à Alger par les contestataires en présence de cinq cadres radiés, où il est réitéré la tenue d’un rassemblement à l’intérieur du siège national du parti, sous forme d’occupation des lieux et selon les échos recueillis, un appel est fait à tous les militants de se rendre le 14 septembre à Alger pour prendre part à l’action. De plus, il est souhaité par les militants et les contestataires de voir le FFS tourner le dos aux prochaines échéances électorales et s’occuper davantage de la construction du parti. Hocine Aït Ahmed est attendu à ce niveau par l’ensemble des militants, qui nourrissent de sérieuses appréhensions quant au devenir et l’avenir du parti, que certains veulent instrumentaliser pour des promotions personnelles et mercantilistes. Le bouillonnement actuel du FFS réserve des options incertaines, tant que le leader du parti n’intervient pas en tant qu’arbitre au service des besoins et demandes qu’exige la circonstance. Il est à noter que des motions de soutien sont adressées au groupe qui assume la fronde contre la direction nationale. Les sections d’Azazga, Tizi-Ouzou, Beni Yenni, Ouacifs, Aïn El Hammam, Iferhounen, L.N.I, Maâtkas, Beni-Zmenzer appuient la démarche des contestataires et exigent le départ de la direction politique actuelle du parti, l’en-tête de la déclaration parle de droites parallèles de la base du parti et du secrétariat national actuel.A la maison RCD, ce n’est guère la lune de miel. Une sérieuse crise est à l’état latent, elle implique essentiellement trois élans, qui se battent par des manœuvres en prévision des futures échéances, que le RCD aura du mal à négocier. La contradiction s’articule autour de la mainmise sur les contours du congrès prévu avant la fin de l’année, selon Saïd Sadi. Pour rappel, le parti de Saïd Sadi accuse un retard de plus de trois ans pour la tenue du congrès du parti, ce qui est critiqué avec virulence par certains cadres, qui cherchent une sorte d’affirmation politique et pourquoi pas récupérer la structure. On croit savoir qu’un cadre du parti aurait travaillé plusieurs bureaux communaux à sa cause, et organiser une offensive contre Saïd Sadi le jour du congrès.De plus, le bureau régional du parti à Tizi-Ouzo, selon certaines informations, connaît un renouvellement et une désignation d’un personnel afin de prévenir toute machination politique qui déstabiliserait la structure.En tout état de cause, le FFS et le RCD sanctionnés lors du dernier scrutin par le verdict des urnes, à la cadence où se déroule le développement des faits dans les deux structures, la voie de l’hypotèque de leur avenir est entamée. Les futures échéances qui verront plusieurs acteurs entiers en lice compliquerait les choses aux traditionnels partis de la région, qui, déjà ont prouvé leur impuissance à gérer les collectivités locales et par leur hostilité mutuelle, ont bloqué d’importants projets économiques audétriment des populations.
Khaled Zahem
