l Cela fait déjà des années que l’enfant de Tarihant, du côté de Tigzirt, parcourt du pays et traverse les différentes contrées.
Yelas a emprunté beaucoup de chemins en Europe et en Amérique. Sa passion pour la musique l’aide dans ses différentes quêtes. Ces pérégrinations aboutissent à la sortie d’un premier album chez Harmonia Mundi, un éditeur réputé sur la place de Paris et ailleurs. C’est au café le Vieux Châtelet, non loin de la Seine, que je l’ai rencontré. « Un premier disque, c’est une carte de visite. Ma poésie est ouverte et engagée. Je chante le problème identitaire, la fête, le voyage, la nostalgie », affirme Yelas (qui possède un site internet : www.yelas.com). Le chanteur est sur le point de terminer un deuxième album. « Cette œuvre se fera dans le même esprit que la première, avec beaucoup plus de chansons d’amour », dit-il. Yelas veut chanter en Algérie, ce qu’il n’a jamais fait alors qu’il s’est produit dans plusieurs endroits prestigieux en Europe.
« World poignante et gorgée d’espérance, la complainte du bluesman kabyle, Yelas rend au pays natal, Tamazgha, la terre des Berbères, tout l’amour de l’un de ses enfants épris de liberté et de justice », écrit la revue Vibrations à son propos. Yelas a un tas de projets en France où il vit mais cela doit coïncider, estime-t-il, avec la sortie de son deuxième album. Yelas a énormément de respect pour Ferhat Mehenni, Djamel Allam, Idir, Djrudjura, Inaslyen, Si Moh ou encore Brahim Tayeb. Mais il trouve que la musique kabyle, en général, stagne et n’évolue pas tellement : « il n’y a pas de renouveau depuis les années 80, je ne comprends plus la musique kabyle ; on ne donne pas la possibilité pour la découverte de nouveaux talents, dans les mariages, les D.J ont remplacé les artistes, on ne peut pas avancer de la sorte », fait-il remarquer. C’est vrai qu’en Kabylie, les vrais artistes, à l’instar du génial Mhand (auteur presque inconnu de l’incomparable Ulim (ton cœur)), du groupe Yougourthen, de Zourane, de Meksa, sont marginalisés. Yelas est assurément à classer dans cette catégorie d’artistes qui tentent d’apporter un plus à la culture kabyle. « C’est la célébration des musiques du monde, c’est la Kabylie dans l’universalité musicale. C’est l’Afrique, c’est l’Andalousie, c’est l’Amérique latine, la Bretagne…C’est l’Algérie dans toute sa richesse ! De sa voix rocailleuse et douce en même temps, comme sa terre natale, Yelas habille ses mélodies d’accents revendicatifs profondément humanistes. C’est le message de justice et d’espoir d’un Amazigh », dit-t-on de lui. Des louanges bien méritées en attendant le prochain album.
Farid Ait Mansour
