Peine à perpétuité pour homicide volontaire avec préméditation

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Alors qu’ils attendaient dans la cabine de leur camion devant une semoulerie de Taharacht à Akbou qu’il fasse jour pour se ravitailler en farine, la victime K.M. et son associé N.A., venus de Boumerdès, le 16 mars 2001 vers 1h du matin, sont braqués par un groupe de 4 à 5 individus dont un, selon N.A., portait un pistolet automatique. Sous la menace, le pistolet et des armes blanches, ils ont fait sortir les occupants du camion qu’ils ont obligés à se mettre à plat-ventre et ils se sont introduits dans la cabine du camion pour s’emparer d’un cartable qui contenait des papiers du véhicule et la somme 20 000 DA.

Toujours selon l’associé de la victime, N.A. qui a échappé à une mort certaine en restant plaqué au sol sans faire de bruit, les assaillants avant de partir ont tiré à bout portant une balle dans le crâne de la victime qui décède avant même l’arrivée des secours.

Les soupçons se portent vite sur B.S. parce que les bruits courent qu’il possède un pistolet, que c’est un déserteur de l’armée et parce que c’est un repris de justice. Il sera appréhendé le lendemain matin vers 7h.

C’est cette affaire en appel que le tribunal criminel près la cour de Béjaïa a eu à examiner hier. Lors d’un jugement précédent qui s’est déroulé le 9 février 2004, l’accusé a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Et c’est la même peine qui a été reconduite au présent procès où le procureur général requis la peine capitale.

Au cours de l’interrogatoire que fait subir le juge à l’accusé, celui-ci niera toutes les accusations qui sont portées contre lui. Aussi bien l’homicide que la détention du pistolet. Il reconnaîtra seulement avoir trouvé dans le sable de l’oued deux balles de pistolet qu’il a remises à B. pour qu’il en fasse un pendentif pour son collier. Il dira aussi qu’il a veillé toute la nuit en compagnie de son voisin et ami S. A. avec lequel il a bu et fumé de la drogue jusqu’à 5 h du matin, heure à laquelle après s’être levé, il s’est rendu au café où il a été appréhendé par les éléments de la Gendarmerie. le témoin S. A. précise que toute la nuit de 9h du soir à 5 h, lui et l’accusé ont consommé des comprimés (drogue) et fumé 6 ou 7 joints chacun en plus du vin. Ils avait allumé un feu et veillé jusqu’au matin. Il ajoute cependant qu’au café, lorsque B. S. s’est sauvé lorsqu’il a vu arriver les gendarmes. Quant au pistolet, étant aveugle, il déclare qu’il ne l’a jamais vu ni touché.

Toujours au sujet du pistolet, l’autre témoin C. S., 33 ans déclare qu’il est allé même, sur instruction de la gendarmerie à fouiller B.S. sans jamais trouver. Le procureur général, après avoir rappelé les accusations qui pèsent sur B. S, qui sont l’homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, auquel s’ajoutent le vol et le port d’arme, il dresse le portrait de l’accusé qui, selon lui, est nuisible à la société. Il met l’accent sur le fait que même ses propres parents en ont assez de lui au point de lui laisser la maison de Biziou et de s’installer à Kherrata. Et ayant rappelé dans le détail les faits de la nuit du 16 mars 2006, il requiert la peine capitale.

Quant à la défense assurée par deux avocats, d’emblée, elle pose la question de savoir si le crime et le vol sont commis par 4 ou 5 personnes où alors les autres, s’interroge l’avocat.

Pourquoi la justice ne s’acharne que sur B. S. contre lequel l’accusé n’a aucune preuve ? Que des suppositions. Au cas même où B. S. serait détenteur d’une arme à feu, argumente l’avocat, cela ne signifie aucunement qu’il est le meurtrier de K. M., c’est peut-être une piste mais seulement une piste, comme il peut y en avoir de nombreuses autres que la justice se doit d’explorer pour ne pas condamner un innocent. Aux termes de l’intervention, les deux avocats plaideront l’innocence de leur client qui sera finalement condamné après délibération à la peine criminelle à perpétuité.

B. Mouhoub

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