»On a déjoué un coup d’Etat »

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La Dépêche de Kabylie : Le siège du FFS a connu une turbulence, une protesta menée par des militants du parti. Qu’en est-il au juste ?

Karim Tabou : D’abord, en tant que militant, j’ai la particularité de relater les faits tels qu’ils sont. Ceci dit, les faits ont commencé avant-hier, aux environs de midi, lorsque un groupe de près de 30 personnes, dont la majorité est constituée de vieux, se trouvaient devant le siège du parti et ont voulu forcer le portail.

Quelle était votre réaction et celle de la direction nationale par rapport à ce fait ?

On était tous là. On a décidé de fermer le portail, car nous n’avons pas été prévenus ni informés par la tenue de ce rassemblement. Au contraire, c’est par le biais des appels, via des journaux, devenus malheureusement les porte- voix de ceux qui veulent en finir avec le FFS, que nous sommes au courant de cette démonstration honteuse, qui nous rappelle les pratiques fascistes des Aarchs. Les protestataires ont cassé le cadenas. Ils ont forcé le portail. Certains d’entre eux ont escaladé les murs par effraction pour rentrer et occuper le siège. On avait senti que ces gens voulaient vraiment pousser les choses au pire. Ils veulent entraîner le parti dans une tourmente et une impasse aiguë. Je m’excuse, mais ces pratiques ne sont pas des principes du parti. C’est malheureux de voir une telle scène !

On entend dire que les protestataires ont été pourchassés par la police ?

Non, ce n’est pas vrai. Nous n’avons pas fait appel à la police, car cela ne fait pas partie de nos principes. Chez nous, le siège du parti est inviolable. C’est un principe sacré. Au contraire, on a préféré les laisser entrer. Une heure ou deux après, le chiffre commence à doubler, ils étaient à peu près une centaine dont la plupart étaient âgés. On a remarqué également la présence de policiers en civil. Des gens et des figures qui n’ont rien à voir avec le FFS. Il y avait aussi les radiés parmi eux. Ils ont semé la zizanie, la manipulation et le chantage. Après leur forcing, ils se sont dirigés directement vers la salle des conférences en insultant et en scandant haut et fort des slogans hostiles à la direction nationale (il rit). Ils ont décidé même d’organiser une conférence de presse le lendemain de leur soi-disant occupation qui n’est en réalité qu’un coup d’Etat bien préparé par le pouvoir en place. Pour les exclus, j’aimerais préciser que la décision de la direction nationale est irrévocable. Pour nous, ils ne font plus partie de la maison du FFS. Ils sont radiés des rangs du parti. Là, il me semble important de souligner que plus de 200 militants de différentes fédérations se sont déplacés au siège national pour protéger non seulement le siège mais également pour défendre les véritables valeurs et principes du FFS.

Après cela, qu’est-ce que vous avez fait en tant que direction nationale ?

Juste une demi-heure après leur occupation de la salle des conférences, le premier secrétaire national est descendu les voir. Il leur a demandé de quitter la salle et le siège dans le calme et la sérénité, mais les frondeurs n’ont rien voulu entendre. Nous leur avions donné un ultimatum de 10 minutes pour quitter les lieux. Après leur refus catégorique, c’est les militants d’autres fédérations qui se sont sentis touchés dans leur amour-propre et qui sont intervenus pour évacuer les lieux vers 21h. Permettez-moi d’ajouter une chose : Il est clair que le FFS est neutralisé de l’intérieur, et par nos propres militants. Quant aux militants radiés, ils n’ont pas été frappés ni pourchassés de force. Bien au contraire, ils ont été évacués par les militants du parti et dans les mêmes procédés dignes du FFS.

Selon vous, qui est derrière ce mouvement de fronde ?

(Souriant), Ce mouvement a été mené par des gens qui sont chargés de mission. D’ailleurs, je ne le qualifie pas de mouvement de fronde mais plutôt d’un coup d’Etat du pouvoir visant à déstabiliser les structures du parti qui véhicule un projet de société sain. Ces pratiques nous rappellent également les années où plusieurs sièges du FFS ont été saccagés par ceux qui se sont proclamés des Aarouchs. Et cette fois-ci, le pouvoir -je le confirme- a cru pouvoir rééditer cette formation en utilisant des gens à l’intérieur du parti pour détruire les fondations, et déstabiliser les structures d’un parti qui vise à établir une véritable démocratie avec la mise en place d’une véritable justice sociale à travers l’instauration d’une assemblée constituante. Mais grâce à la sagesse de nos militants, qui ont su contrôler la situation, ces derniers ont vite compris l’enjeu, car on a vraiment réussi à déjouer un coup d’Etat.

Je voudrais dire, enfin, que chez nous au FFS, nous sommes de ceux qui croient que la légitimité est toujours devant et derrière nous. Et que le FFS reste toujours le parti où le débat démocratique et contradictoire prédomine. Et les portes du siège sont toujours ouvertes pour ceux qui sont vraiment dignes des valeurs et des principes du parti.

Propos recueilli par Ziyad Demouche

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