Contre vent et marrée certaines personnes continuent d’investir leur argent dans le monde de l’édition livresque. Une louable initiative. Les livres du domaine public se positionnent en exergue de l’ensemble des publications. Parmi les rééditions qu’on peut trouver sur le marché : Abou El Kacem Chabi, un grand poète maghrébin, mort à la fleur de l’âge.
Les éditions Talantikit situées à Bgayet (Béjaïa ) viennent de rééditer beaucoup de livres. La littérature maghrébine est à l’ honneur. En effet le grand poète Chabi est à lire et à relire. Quoi que les poèmes du barde tunisien aient marqué leur présence dans les livres scolaires, l’édition algérienne n’a pas consacré assez d’ouvrages pour le fils de Chabia. Les éditions boujiotes offrent des merveilles aux assoiffés de la lecture. La poésie de l’auteur de Aghani Rouaât (Les chants des bergers ) est, désormais, à lire pour 140 DA. Une opportunité à ne pas rater. Abou El Kacem Chabi naquit en 1909 à Chabia, dans le sud tunisien. Appartenant à une famille conservatrice, il fréquente l’école coranique dès l’âge de cinq ans. A neuf ans,il connaissait le coran, par coeur. Il s’adonne à la lecture de livres consacrés à la religion ainsi qu’aux livres de littérature. En 1920, il s’inscrit à l’université Ezitouna, et obtient sa licence en lettres et sciences religieuses en 1928. Chabi participe à la constitution de plusieurs associations, dont a fait partie « Le club littéraire ». L’année 1920 a été un virage dans sa vie. Alors que son père mourrut le jeune poète dut assumer les responsabilités familiales. L’auteur de “L’imagination poétique” chez les arabes tombe malade, soufrant d’un rétrécissement du cœur. Malgré la dégradation de son état de santé, il continue à produire et à militer pour les causes humaines, pour lesquelles, il consacra son existence. Il passa plusieurs années, les dernières de sa vie, au Nord de la Tunisie, parmi des paysages calmes,comme le lui a recommandé son médecin. Au mois d’octobre de 1934, Chabi mourrut,en plein printemps d’ une courte et triste vie.
Aboulkacem Chabi disait
« le bonheur en ce monde est un rêve lointain pour lequel les nations sacrifiassent des lustres Prends la vie comme elle vient
Avec le sourire
Que sa main porte splendeur ou néant. »
Cette beauté de l’âme, permettait au créateur romantique de vivre un immense bonheur personnel loin du temps et de l’espace. Il triomphait, toujours, dans sa quête du sourire.
« Si les jours se soumettent à ma volonté
je les procurerais au vent
Pour leurs donner le même sort que la poussière. »
A un certain moment de la vie,le spleen lui dicte ces propos, peut être pour faire face à l’absurde. Mais souvent il arrivait à se catapulter loin des temps maussades, alors il s’adonne à l’écriture sans cesse
Le romantique nord-africain laisse derrière lui une armada d’oeuvres littéraires : poésie, critique,et autres proses on peut citer : “Les chants de la vie”, “Les poètes du Maghreb”, “L’ivrogne”… Chabi ne mâchait pas ses mots, car humaniste qu’il fut, il ne pouvait verser de l’encre, sans s’engager contre tout ce qui touche à la liberté de l’homme. C’était un infatigable militant de la cause humaine. On peut lire dans ses poèmes : « Le torrent, torrent de sang, t’emportera et l’orage de feu te dévorera. » C’est une prophétie d’un poète-voyant qui fustige le tyran français de l’époque coloniale. Le rêve de Abou El Kacem Chabi porte les odeurs du printemps. Un printemps qui tarde à venir, puisque la Tunisie et tant d’autres pays ne sont pas encore libres, même après leur indépendance.
Il est à signaler, aussi, que certaines éditions proposent d’ autres livres à l’instar des classiques de la littérature, pour moins de 160 DA.
Yasmine Chérifi