Son arrivée, qui avait suivi de peu celle d’Omar Fetmouche, bombardé au bonheur de tous,comme directeur du TRB. On pardonne volontiers à la ministre Khalida Toumi de n’avoir pas trop tenu au suivi du nombre de projets ( réhabilitation de la Mosquée d’Ibn Khaldoune, école des beaux arts, etc) promis au pied de Yemma-Gouraya : ces deux nominations qualitatives allaient, se consolait-on, induire un meilleur impact que les plus beaux des bâtiments.
On ne se trompe pas. La jonction entre les deux monstres sacrés s’est tout de suite réalisée.
Ils auront convoqué un totem de la littérature algérienne, Rachid Mimouni, pour monter Le fleuve détournée dans le cadre d’ »Alger, capital de la culture arabe », une manifestation qui s’avère, en fait, moins dramatique qu’on ne le pensait pour notre égo berbère puisqu’elle nous aura permis de voir à l’œuvre, en live au TRB, le maestro… japonais Hikotaro Yazaki.
Diplômée de l’université de Paris et de l’Institut supérieur de théâtre et de cinéma de Kiev en 1985, Hamida Aït El Hadj a monté depuis 1986 plusieurs pièces de théâtre du répertoire national et international.
En 1997, elle écrit en collaboration avec Farid Benour, en hommage, entre autres, à Jean Sénac et à Tahar, une pièce : Un couteau dans le soleil. Cette dernière a été primée à Paris. En 1997, elle présente, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, El Ghanima (le butin), à la salle Ibn Zeydoun. En 2000, elle revient avec une nouvelle création, l’Hirondelle, qu’elle présente à la salle El Mougar.
Détentrice d’une licence en psychologie à l’université d’Alger, puis d’une maîtrise à Paris, elle a séjourné en Union soviétique pour une formation de metteur en scène de théâtre. Se qualifiant volontiers de « revenante », qui a trouvé en Béjaïa une chaleureuse station d’accueil, elle en arrive à oublier qu’elle revient là d’où elle n’est jamais parti.
Mais n’est-ce pas que c’est en se jetant à la mer que le fleuve reste fidèle à sa source ?
Voilà : le fleuve, le retour.
Malgré l’accueil, un tantinet hostile fait à son « fleuve » par La Dépêche de Kabylie, Hamida Ait-El-Hadj se révèle nantie d’un grand esprit sportif. A la Maison de la culture, elle est, en ce lundi 6 mars, en pleine répétition pour une prochaine représentation de sa pièce à la Salle Ibn Zeydoun d’Alger (13 mars. Allez-y en force !). Elle nous reçoit avec beaucoup de chaleur sans délier le regard des comédiens en répétition.
Le metteur en scène se révèle être une boule de nerfs taraudée par l’angoisse de la perfection. Mourad Khane, qui joue Ali dans Le fleuve détourné, est, nonobstant sa célébrité de cameraman caché, bousculé, harcelé par ses remarques colériques. Entre deux ordres techniques, elle règle de très mauvaise grâce d’ingrates tâches de logistiques, car, « Les gens ne comprennent pas que le philosophe a besoin de beaucoup d’argent pour vivre ! », dixit le Nuage de fumée de Kateb Yacine.
Pourtant, Hamida Ait-El-Hadj rêve surtout d’un grand public pour le théâtre. Avec Le fleuve détournée, elle aura – summum d’une quête obsédante – réalisé une inédite opération de marketing en offrant un casting racoleur aux jeunes qui n’ont pas pour vocation d’aller au théâtre : Lotfi Double-Kanon, Rhéda Doumaz et Mourad Khan. Et ça marche très fort !
M. Bessa
