l Une petite salle qui aurait pu abriter un commerce de quincaillerie de mauvais goût ou de “mal bouffe”, une directrice qui ne prend pas des airs d’administratrice d’opéra à force de prendre au sérieux son travail, de jeunes professeurs tout simplement heureux d’être là pour transmettre ce qu’ils ont appris et des élèves qui y viennent comme on va dans une deuxième maison s’offrir un moment d’évasion en attendant de se découvrir une vocation.
Entre un vieux piano tellement accessible qu’il donne l’impression de tout faire pour effacer l’image d’instrument de luxe qui lui colle depuis des siècles, des chaises éparpillées dans un joli désordre artistique et un fond de salle séparé avec les moyens du bord, la petite école de musique de Aïn Benian veut forcer le destin pour grandir. Solfège, guitare classique, piano, chaabi et théâtre, cela peut paraître beaucoup pour un espace aussi réduit, mais il y a plus de volonté et de disponibilité dans ce « voir grand » que de prétention mal placée.
Et il y a de quoi voir grand quand les premiers résultats donnent déjà des idées. Comme cet après-midi du 8 Mars ou l’on a convié les parents des élèves pour un moment de pur bonheur. A commencer par cette chorale d’anges magistralement menée par la jeune petite Nassima. Et ce virtuose de Tarek qui a su imposer un silence de cathédrale à une assistance pourtant pleine de décontraction. C’est que Tarek sait tout faire à une guitare qui obéit jusqu’à la soumission à ses imprévisibles mouvements de doigts. Il est prof de guitare et l’assistance a eu le plaisir de découvrir qu’il sait aussi transmettre son savoir faire à travers les morceaux exécutés avec une inégale maîtrise mais le même bonheur par Amirouche, Yasmina, Khelifa, Samia, Nazim, Nesrine et Karim. Une touche chaâbie et une scène de Aïcha ou Bendou se chargeront de boucler ce moment de joie conviviale comme on aimerait en voir plus souvent. En attendant, tout le monde attend ici, la directrice en premier, un geste des autorités pour que les choses s’améliorent. La volonté et la joie d’être là ne suffiront pas toujours.
Slimane Laouari
