Danger islamiste sur la Kabylie

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Le scénario de 1990 risque d’être réédité en Kabylie, avec l’annonce du boycott par le Front des forces socialistes des élections législatives du 17 mai 2007. La seule possibilité de voir écarter le danger islamiste réside dans une éventuelle grande mobilisation de l’électorat de Kabylie. Quels que soient voient les tiraillements qui déchirent le FFS, ce parti est resté jusqu’à la dernière élection partielle la formation n°1 dans la région. La crise au sein du FFS a été telle que la seule issue pour Hocine Aït Ahmed, consiste à boycotter le scrutin. Une solution simpliste qui peut créer une désagréable surprise en Kabylie. Car le boycott du FFS intervient au moment où le RCD, l’alter-ego du parti d’Aït Ahmed, continue de subir une saignée que Saïd Sadi ne peut plus feindre d’ignorer. Avec sa longue expérience dans le maquillage médiatique des situations les plus invraisemblables et les plus alarmistes qui ont secoulé son parti, Sadi, avec cinq APC sur les 67 de la wilaya, a osé avancé le terme de victoire, dans plus d’une déclaration de presse. Ces affirmations euphoriques peuvent revêtir une autre interprétation : Sadi, au fait de la débâcle de son parti, s’attendait a pire. Le fait que le RCD n’est pas sorti les mains vides des élections partielles a revigoré le président du parti. En tout cas, ne pas sortir les mains vides ne veut pas dire que le RCD est sorti de l’auberge. Depuis les élections partielles, des centaines d’autres militants ont quité le parti. A chaque fois qu’un militant ou un cadre se retire, Saïd Sadi le traite d’escroc. Si le psychiatre dit la vérité, il aurait donc le chef d’un grand parti de malfrats du temps où le RCD constituait l’espoir démocratique de toute une génération. Le boycott du FFS ne peut guère profiter au RCD. Ce dernier s’est départi de sa ligne constante qui le caractérisait à la fin des années 80 et au début des années 90. Devant l’absence d’alternative, le risque de voir les partis islamistes redorer leur blason est très plausible. A moins que les électeurs ne créent la surprise en jetant leur dévolu sur des listes indépendantes. Dans des zones cosmopolites comme Drâa El Mizan, Draâ Ben Khedda, Sidi Naâmane ou autre, le danger islamiste est plus à appréhender. En 1990, c’est le boycott du FFS qui a permis à l’ex-FIS de rafler la misé. Mais, c’est dans la commune de Tizi Ouzou qu’une éventuelle victoire des islamistes est à prendre au sérieux. En 1990, la municipalité de Tizi Ouzou a échappé in extremis aux barbus. La démission des deux partis (FFS et RCD) doit impérativement être comblée par la présence de listes de démocrates pour tenter de barrer la route aux islamistes. La donne islamiste est d’autant plus à prendre au sérieux avec le travail de sensibilisation qu’effectuent les satellites des partis de ce courant. Dans la ville de Tizi Ouzou, les librairies spécialisées dans le livre islamique et du “MMesk” poussent comme des champignons. Il y a deux mois, une boutique spécialisée dans la vente du voile islamique a ouvert ses portes en grande pompe publicitaires. Même des banderoles ont été suspendues au rond-point principal de la ville des Genêts pour annoncer l’inauguration de cette maison du hidjab. Une tenue en vogue non seulement au centre-ville mais aussi dans les villages les plus reculés. Les femmes kabyles sont-elles en train de troquer l’authentique et sublime robe kabyle contre cette tenue importée des pays orientaux ? Les origines de la propagation de ces tenues étrangères et étranges sont à chercher ailleurs que dans un certain désir de pudeur. Car, l’habit ne faisant pas le moine, le port du hidjab est l’expression d’une adhésion à un courant politique plus qu’il n’est motivé par des considérations morales. Si c’était vraiment le cas, que dire des femmes, heureusement majoritaires, qui ne se parent pas de cet accoutrement ? Matoub prévenait dans son dernier album que les islamistes avançaient en marchant sur le liont des pieds. Un avertissement qui se confirme moins de dix ans plus tard, au regard de l’espace conquis, depuis, par les islamistes. Surtout ne pas confondre islamisme et islam. Ce dernier étant la religion de la majorité, mérite respect et considération mai l’islamisme, c’est l’utilisation de cette même religion pour endoctriner et enrôler des gens sincères dans des entreprises souvent avec des desseins inavoués. Les démocrates ont intérêt à recharger leurs batteries, d’enterrer leurs haches de guerre et surtout de se délester un peu de leurs ambitions étroitement mercantilistes pour permettre à la Kabylie de rester le bastion de la tolérance qu’elle a toujours été.

Aomar Mohellebi

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