»Personne ne peut résoudre seul la crise actuelle  »

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Longtemps effacé de la scène politique après sa déconvenue lors des élections présidentielles du 8 avril 2004, le president du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Said Sadi, a refait surface, avant-hier, lors de son passage au forum de la chaîne II, durant lequel il a survolé de nombreux sujets liés à l’actualité nationale. Le patron du RCD, fraîchement reconduit à la tête de son parti après le dernier congrès, a soutenu que la réussite de ce congrès a été le fruit de rencontres de proximité et des cotisations des militants du parti. Concernant la situation sociale du pays, Said Sadi affirme que malgré l’embellie financière, la misère persiste encore autant que les actes terroristes.  » La crise actuelle, personne ne peut la résoudre seul, d’où l’appel à un dialogue pluriel. Le camp démocrate doit trouver la solution pour sortir du gouffre « , indique-t-il. Said Sadi estime qu’il est obligatoire de  » moraliser la vie politique et publique « , car, dit-il, l’Algérie vit une situation de régression politique.  » Il y a un énorme fossé qui sépare la société du pouvoir, lequel ouvre la voie à tous les dangers. Le consensus républicain est le minimum qu’on doit présenter aux Algériens pour les rassurer », insiste-t-il. Quid de la loi électorale que d’aucuns appellent de leurs vœux pour son changement ? L’invité de la radio indique qu’il serait préférable de respecter les lois actuelles. Sur un autre registre, le leader du RCD avoue que sa formation est en contact permanent avec des personnalités politiques et syndicales. Il confirme ses tractations poussées avec Abdeslam Ali Rachedi, patron de la formation El Essabil, dans la perspective d’inciter celui-ci à se porter sur les listes du RCD. » Depuis 1962, nous n’avons vu aucun vote souhaité par la population. Mais cette fois, il y a des signes. On a l’impression que le pouvoir s’affaiblit et se fissure. Il faut que la pratique du bourrage des urnes cesse. Le grand mal vient de l’Etat. Le jour où il y aura le jugement d’un haut responsable, ce jour-là il y aura les prémices de la transparence « , indique-t-il. Invité à donner son avis sur le boycott par le FFS des législatives prochaines, Said Sadi rompt avec la rhétorique guerrière longtemps utilisée par les deux frères-ennemis, pour faire les yeux doux au parti de Hocine Ait Ahmed.  » ça aurait été mieux qu’il participe. C’est mieux d’avoir un parti comme le FFS avec un jeu sain que d’avoir des gens qui manipulent les urnes « , note-t-il. Commentant la résurgence sanglante des actes terroristes ces dernières semaines, le malheureux candidat à l’élection d’avril 2004 critique vertement la charte pour la paix et la réconciliation nationale, adoptée, selon lui, avec un taux de 17%.  » Ce n’est pas le terrorisme que l’on connaissait avant. On ne peut pas résoudre la crise en bâillonnant la bouche des gens « , dit-il avant de dire que l’affaire Khalifa a souillé l’image de l’Algérie à l’étranger. Plus critique, il qualifie de  » contre-vérités  » les chiffres officiels relatifs au taux de chômage.

Or, de son avis, seul le chiffre sur la croissance économique demeure réel, mais qu’il attribue, non pas à l’activité économique mais aux prix élevés du pétrole sur le marché mondial. Said Sadi prévient contre de futurs scandales, notamment dans les attributions des marchés de l’autoroute est-ouest et celui de l’eau, lesquelles ne se sont pas déroulées sur des  » bases saines « . Le chef du RCD fait, par ailleurs, un constat amer de la situation de la presse indépendante, puisque, dit-il, cette dernière n’a pas échappé à la régression en raison des écueils de la censure et du difficile accès à l’information.  » Le pouvoir livre l’opinion publique aux médias étrangers « , au détriment des médias nationaux, souligne Sadi. Sur un autre chapitre, intégrer le gouvernement, selon le president du RCD, suppose poser ses propres conditions.  » Il faut savoir pourquoi et avec qui « , estime-t-il. La formation de Said Sadi entend présenter ses listes dans les 48 wilayas du pays.  » Il ne reste que 3 ou 4 wilayas où des listes sont en cours de préparation. « , note-t-il.

Hocine Lamriben

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