Abdelaziz Belkhadem, le secrétaire général du FLN, semble revenir à ses premières amours. Samedi soir sur le plateau de Soraya Bouamama, le Chef du gouvernement ne s’est pas contenté de soutenir la réconciliation nationale version Bouteflika, mais rappelle ses convictions, si besoin est, pour dire qu’il est toujours réconciliateur, lui qui était allé à Rome signer l’accord de Saint’Egidio.
«J’étais réconciliateur, hier, et je le suis aujourd’hui. Je suis un réconciliateur et je l’assume». En rappelant cette évidence, celui qui incarne les barbefélènes ne se doutait probablement pas qu’il venait de livrer une confession de plus : assumer le contrat de Rome, alors qu’il a toujours nié y avoir participé. Il est vrai qu’à l’époque, Belkhadem était un simple voyageur dans un train FLN version Mehri et «qui-tue-qui ?» Mais voilà que le patron du FLN, qui ne veut pas assumer pleinement cette fonction qu’il délègue à Bouteflika, a versé dans un exposé presque philosophique sur l’islamisme qui ne le dérange pas « tant qu’il n’appelle pas à la violence ». Et la contradiction, de taille, est mise de côté, puisque quelques instants auparavant, l’invité de la télévision, pour la deuxième fois en quelques mois, disait que tous les «isme» ont une connotation péjorative. Et l’islamisme, idéologie obscurantiste par excellence, n’est qu’une sombre « inspiration » de la charia comme c’était le cas pour les communistes.
Encore une fois, et c’est peut-être parce que l’orateur a trop parlé ces derniers temps, Belkhadem a énuméré les critères sur lesquels son parti s’est basé pour le choix de ses candidats aux législatives du 17 mai. Des choix «objectifs», mais qui ont soulevé l’ire de plusieurs militants de base. Et la raison de ce soulèvement est simple pour Belkhadem, qui conforte ainsi la version de son porte-parole, Saïd Bouhedja. Il s’agit de personnes «incompétentes». L’illustration vient des députés sortants. Au moment où le premier responsable de l’ex-parti unique juge «positif» le bilan de l’Assemblée sortante, il n’en pense pas la même chose lorsqu’il s’agit de prendre les parlementaires individuellement.
Lorsque Belkhadem est interrogé sur l’issue des élections législatives, il reste évasif, même s’il réclame, comme d’habitude, la première place. Que reste-t-il aux autres formations, d’autant plus que Ouyahia, du RND, convoite la deuxième place et Soltani cent députés ? Abdelaziz Belkhadem se défend que le jeu soit fermé, mais se réjouit que ses «alliés» ne lui disputent pas la première place. Mais au même moment, le responsable du FLN, qui dit avoir choisi de ne pas se présenter «pour donner une marge de manœuvre au président de la République pour décider de la composante du prochain gouvernement», regrette l’absence du FFS aux législatives.
La raison est, selon l’orateur, que «la participation de l’opposition donne plus de crédibilité au scrutin». Une crédibilité que le patron du FLN dit posséder, même lorsqu’il ne veut pas «se moquer du peuple».
Ali Boukhlef
