Le pôle démocratique a effectué, jeudi, sa toute première grande sortie publique dans la wilaya de Béjaïa à travers un meeting populaire co-animé par Amara Benyounès, côté UDR, et Amar Lounis pour l’ANR. Dans une salle de la Cinémathèque qui s’est avérée particulièrement exigüe pour la circonstance, les deux orateurs ont souligné le caractère « historique » du rapprochement engagé entre les formations de Rédha Malek, d’Amara Benyounès et d’Ali Hocine. «Nous tenons à léguer à la jeunesse un instrument de lutte politique pour la préservation d’une Algérie moderne et républicaine», clame le représentant du parti de Rédha Malek. Tout comme Amara Benyounès, il insistera sur le caractère pérenne de ce pôle qui demeure ouvert à toutes les énergies démocratiques par-delà l’échéance du 17 mai prochain.
Une échéance électorale que le leader de l’UDR ne juge pas moins importante et pour laquelle il appelle à une large participation malgré, dira-t-il, des initiatives tendant à dissuader le plus grand nombre d’user de ses droits électoraux. En proclamant chacun de son côté des scores par anticipation, les partis de l’Alliance présidentielle donnent « du grain à moudre aux abstentionnistes », accuse Amara Benyounès. Ce dernier n’arrête pas là les reproches et se montre particulièrement dubitatif face aux «performances» que s’auto-adjugent ces partis en matière d’amélioration du sort des citoyens. Il en est ainsi des chiffres officiellement proclamés en matière de taux d’inflation et de taux de chômage qu’il juge «particulièrement fantaisistes».
Revenant sur la controverse qui l’a opposé à Belkhadem, Amara Benyounès relève que c’est la toute première fois qu’un responsable gouvernemental d’un tel échelon «assume et revendique » le non-agrément de l’UDR. «Belkhadem peut sans doute refuser l’agrément d’un parti politique qui ne l’agrée pas, il ne pourra m’interdire de faire de la politique ! C’est l’officier français qui a tiré une balle entre les yeux de mon père qui m’a délivré l’agrément pour faire de la politique !», clame-t-il sous les applaudissements. Le chef du FLN pourra tout dire, il ne pourra pas dire que «Amara Benyounès a été désigné à son poste de secrétaire général de l’UDR par un juge qui statue de nuit».
Qualifiant le même Belkhadem de «martien de la lutte antiterroriste» (allusion au 19 Mars 1962), il lui reprochera un positionnement ambigüe par rapport au terrorisme. Dans la foulée, il dénonce les suspicions «américaines» de Louiza Hanoune. «Certains en arrivent à dire n’importe quoi pourvu qu’ils n’incriminent pas les islamistes qui sont les véritables artisans du terrorisme qui continue d’endeuiller le pays», estime-t-il. L’ex-numéro 2 du RCD s’estime par ailleurs victime d’une «agression permanente» de la part de ses anciens compagnons. «Mais qui n’a pas subi leur fiel ? De Hocine Ait-Ahmed à Lounis Ait-Menguelet, en passant par les dirigeants de la JSK, ces gens-là ne cessent de s’attaquer à toutes les élites de la Kabylie», se console-t-il néanmoins. «Il suffit pour ma probité d’être le premier ministre de l’histoire à avoir démissionné de son poste, quand il m’était apparu que le gouvernement agressait les valeurs pour lesquelles j’ai tant milité», ajoute Amara Benyounès.
Brossant un tableau sombre de la situation socio-économique que traverse la Kabylie, il enjoint aux jeunes, notamment, de rompre avec la défiance électorale et d’user de l’urne pour changer la donne. «L’expérience montre que l’abstention a le plus souvent fait le jeu du clan islamo-conservateur et privé les démocrates de potentiels espaces d’action», note Amara Benyounès pour qui deux crédos doivent guider l’action des élites politiques de la région : tamazight et la démocratie.
Amara Benyounès devrait être de retour dans la wilaya de Béjaïa pour animer, le 8 Mai, en compagnie de Rédha Malek, un autre meeting à Kherrata
M. Bessa