La population commémore le génocide du 8 Mai 1945

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En toute humilité, la population des Ath Segoual a commémoré, à l’instar des régions de Sétif, Guelma et Kherrata, le 62e anniversaire des événements tragiques du 8 Mai 1945. Après un grand rassemblement devant le siège de l’APC de Melbou, la foule composée d’un millier d’élèves encadrés par leurs professeurs, des membres de la “famille révolutionnaire”, les élus locaux ainsi que les services d’ordre mobilisés pour la circonstance, s’est dirigée vers le cimetière des martyrs pour la lecture de la Fatiha et le dépôt de la gerbe de fleurs. Profitant de la présence des jeunes, les anciens moudjahidine ont raconté, les larmes aux yeux, la terreur vécue et la sauvagerie barbare de la répression coloniale en ce mois de mai 45. Ahmed Boulzazène dit Hmidouche : “… De très bonne heure, les populations des douars se mettent en marche. On a vu alors des paysans, en guenilles, la peau décharnée, la plupart allant pieds nus converger de toutes parts en colonnes interminables vers la plaine maudite.

A l’entrée, des caïds vêtus en burnous rouge, secondés par leurs khodjas et des gardes champêtres vêtus en burnous bleus, contrôlaient les arrivants”. Les légionnaires étaient déployés le long de la route. Les éléments du treizième bataillon de tirailleurs sénégalais et du 3e bataillon des zouaves algériens fermaient tous les accès. L’armée retirait quelques fusils de chasse et des armes blanches, A 8 heures, la plage fut remplie d’une foule immense, compacte estimée à plus de 40 000 personnes face à la mer suivant les communes d’origine et répartis en douars avec en tête leurs caïds.

Aux premiers rangs, on avait aligné les prisonniers mains ligotées, un silence angoissant règne en maître, soudain un bruit d’apocalypse secoua la plaine tel un séisme.

C’était une escadrille de 12 avions de chasse qui déchira le ciel et passa en rase-motte, au moment où six bâtiments de guerre ancrés au large dont le croiseur “Dugay-Troin” bombardier. Des pièces d’artilleries tiraient des obus en direction de la mer.

Des enfants pleuraient, blottis contre leurs mères, les hommes priaient… et tout cessa avec l’arrivée du général accompagné des bachaghas, des caïds la poitrine bardée de médailles… pour interpréter ses discours : “Regardez bien nos bâtiments de guerre, nos avons, nos canons, la France est une grande nation imbattable, vous ne pouvez rien avec vos haches, vos faucilles et vos fusils”, disait-il. Pour le préfet de Constantine Lestrade Carbonnel, c’était un discours “terroriste” et surtout des plus virulents à l’encontre des populations.

Quelques temps plus tard, un colonel pris une liste et appelle les prisonniers qu’on fit monter dans un camion ils seront exécutés froidement à quelques mètres plus loin. “Après d’interminables discours, les citoyens sont autorisés à rentrer chez eux en remerciant Dieu d’être rentrés sains et saufs et d’avoir échappé au massacre collectif”.

C’est un témoignage vivant du rassemblement historique du 8 Mai 45 de Melbou.

Rabah Zerrouk

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