Contrastant avec la morosité de la scène politico-électorale en perspective des législatives, la naissance, à la faveur de l’événement, d’un pôle des démocrates constitué des trois formations UDR, ANR, et MDS, a conféré quelque intérêt à la campagne et ce, à plus d’un titre.
D’abord l’émergence d’un réel pôle des démocrates sur la scène politique nationale est une première en Algérie depuis la consécration du pluralisme politique en 1989.
Les tentatives dans ce sens ont toutes échoué, minées qu’elles étaient, par les questions de leadership essentiellement et de profonds clivages programmatiques entre certaines formations de la mouvance, dont le FFS qui s’est exclut de « sa famille politique », dès lors qu’il avait pris fait et cause pour l’intégrisme. Le RCD d’alors, comme celui d’aujourd’hui d’ailleurs, était tout aussi responsable de l’éparpillement du potentiel des démocrates et républicains, eu égard aux velléités zaïmiste de son inamovible chef. Plus de dix années après et dans la foulée d’une élection législative, trois formations démocratiques décident d’en découdre avec la malédiction et d’offrir un cadre de rassemblement aux forces républicaines de ce pays.
Ensuite, ce pôle, intervenant en ces moments précis où se mène une vive bataille politico-électorale, permet de ce fait, un surcroît de clarté et de décantation entre les différents courants politiques et idéologiques, s’agissant de leurs politiques des alliances respectives, notamment.
Ainsi, l’on sait grâce à ce Rassemblement, et surtout à la faveur de la récente polémique déclenché par Belkhadem contre Amara Benyounès secrétaire général de l’UDR, que ce pôle ne compte pas uniquement comme adversaires les islamistes où qu’ils soient, mais aussi les conservateurs du pouvoir et dont, d’ailleurs, le secrétaire général du FLN est tête de file. Cela n’aurait pas été d’un grand intérêt pour l’analyste tant cette posture semble évidente pour un démocrate. Or, au regard d’un FFS décidemment arc-bouté sur ses distinguos manichéens entre le « régime » et « l’opposition vraie », mais surtout des velléités de compromissions du RCD de Saïd Sadi, plus amène à l’endroit de ses ennemis d’hier, dont les islamistes du MSP, il y avait comme un vide qu’il fallait bien combler. Celui de l’espace naturel et traditionnel des démocrates algériens tolérant le compromis avec les secteurs éclairés du pouvoir et fuyant toute compromission avec les ennemis de la démocratie dont les islamistes de tous bords et leurs alliés du conservatisme politique. L’ANR, l’UDR et le MDS ont eu l’intelligence politique de se saisir de ce rôle.
Enfin, d’aucuns, parmi les partisans de l’alternative démocratique en Algérie, ont salué la naissance de ce pôle, dans la mesure surtout où, selon ses promoteur, c’est une initiative qui ne se veut pas conjoncturelle, en perspective des législatives, mais qui compte s’inscrire dans la durée.
Ses initiateurs assurent qu’ils caressent l’objectif d’en faire une action stratégique de rassemblement des démocrates et républicains, au-delà de toute échéance électorale. L’opportunité des législatives, a, selon eux, permis juste de faire campagne pour promouvoir ce nouveau-né, et, briguer des sièges à l’APN pour porter le discours républicain au sein des institutions de la République, face au monolithisme islamo-conservateur hégémonique au sein de l’appareil d’Etat, à ce jour.
H.O.