Kusturica montre une jeune garçon, Tsane (Uros Milanovic), qui doit exaucer quatre vœux de son grand-père avant que celui-ci ne décède : vendre la vache, acheter une icône, ramener un souvenir, trouver une épouse.
Tsane quitte donc le minuscule hameau pour la ville afin d’honorer toutes ces promesses. Il rencontrera la belle Jasna (Marija Petronijevic), qu’il finira bien par épouser au terme de bien des péripéties toutes plus extravagantes les unes que les autres. Car le mafieux local – interprété par Miki Manojlovic, partenaire de Kusturica sur ses deux Palmes d’or -, après avoir « mis au travail » la mère de Jasna, aimerait bien faire de même avec sa ravissante fille.
L’énergie débordante est une constante des films de Kusturica, mais ici elle atteint une intensité démesurée. Entre les deux mariages, celui de Tsane et celui de son grand-père, célébrés sous des coups de feu nourris et projectiles divers, un homme volant, l’amour immodéré du truand pour les volatiles, des dialogues, vociférations et coups de gueules en-veux-tu-en-voilà, le film de Kusturica éclate de toutes parts.
Kusturica hante la Croisette depuis 1985, année où il obtint la Palme d’or avec Papa est en voyage d’affaires. Dix ans plus tard, il récidivait avec Underground. Dix années de plus s’écoulèrent avant de le voir président du jury. C’est donc en terrain connu qu’il est venu défendre son dernier long métrage, sans doute le plus excité qu’il ait créé. « Le festival de Cannes a toujours joué un rôle important en ouvrant ses portes à des gens » qui ne pensent pas le cinéma qu’en termes de divertissement, a-t-il dit lors de la conférence de presse.
A un journaliste qui lui déclarait que plusieurs acteurs de renom, dont l’Anglais Jude Law, avaient manifesté le souhait de tourner avec lui, le cinéaste bosno-serbe a estimé que « ces acteurs ont peut-être envie de participer à un cinéma plus exigeant et un cinéma qui réclame plus de temps, de dévotion et de dévouement « .
Le deuil
A l’extrême opposé du bruit et de la frénésie de Promets-moi, Naomi Kawase entraîne le spectateur dans les ombrages d’une épaisse et mystérieuse forêt, mystérieuse parce que le vent qui agite les ramures en acquiert presque une présence physique.
Shigeki (Shigeki Uda, un comédien non professionnel) est un vieil homme vivant dans une maison de retraite. Il part un jour en randonnée avec la jeune aide-soignante Machiko (Machiko Ono).
Un accident de voiture va les amener à se perdre en pleine forêt, Shigeki ayant décidé de se rendre en pèlerinage sur la tombe de son épouse, protégée des yeux indiscrets par l’épaisse frondaison qui laisse passer un jour diffus. Là, Machiko, qui a perdu aussi un être cher, aidera Shigeki à remplir le rituel funéraire qu’il destinait à sa bien-aimée trépassée et à lui dire définitivement au revoir.
Alors que la forêt peut paraître angoissante au premier abord, et Kawase prend tout le temps de mettre les choses en place et de les faire évoluer pour qu’on ait cette impression, elle apparaît vers la fin du film comme une protection, invisible, et Shigeki peut ainsi s’endormir en toute confiance dans la terre qu’il a creusée pour faire son deuil.
Mogari, nous apprend le dossier de presse, désigne précisément la période du deuil ou encore le lieu où l’on purge ce deuil.
Naomi Kawase a remporté la Caméra d’or, qui récompense un premier film, à Cannes en 1997. Elle était également en compétition à Cannes en 2003 avec Shara.