Hommage à Ammouche Mohand

Partager

Il y a une année, plus précisément le 15 mai 2004, s’est éteint à Paris le grand chanteur de l’émigration, Ammouche Mohand de son vrai nom Hammouche Mohand, laissant derrière lui un vide pour sa famille, ses amis et ses fans de plusieurs générations qui l’ont toujours adoré et admiré tout au long de sa brillante carrière artistique au palmarès riche et varié. Chanteur et compositeur, issu d’une famille modeste et natif du village Tibouamouchine, dans la commune de Seddouk, Da Mohand, n’était pas seulement un grand artiste, mais aussi un patriote infatigable et militant de la cause algérienne. Durant la colonisation, il a utilisé le verbe et la musique pour sensibiliser les citoyens à adhérer au projet de lutte pour l’indépendance du pays. “Nous avons toujours fait appel à lui pour faire de la propagande en l’invitant à organiser des petits galas pour notre communauté émigrée en France qui nous permettaient de rassembler un grand nombre d’Algériens pour lesquels, grâce à ses chansons, on est arrivés à incruster la fibre nationaliste”, témoigna da Lmouloud. Comme beaucoup de chanteurs de sa génération, il a commencé à s’initier à la chanson dès son jeune âge en interprétant des medhs. Fuyant la misère des années quarante, il a quitté son village natal en 1946 pour s’installer en premier lieu à Alger, avant de s’embarquer pour la France où il apprit à jouer de la guitare et a composé une centaine de chansons dont la moitié a été éditée. Sa première chanson a été dédiée à son père, elle s’intitule “A takriets, inas ivava thivats”. Il a chanté aussi la nostalgie par son amour au pays où il invite un ami à rentrer ensemble au pays pour boire l’eau millénaire de Seddouk Oufella dans “Belhaddad Ker matsadoudh anrouh ar seddoukenagh, art thala aicha astsassoudh aman laaouanssar `anagh”. Puis l’amour qu’il porte à la femme kabyle en général et son épouse laissée en Kabylie en particulier dans “A thachamaâth”. Ensuite, comme dans son village c’est presque tout le monde qui fabriquait le balai traditionnel (thimaslah), il a consacré une chanson aux contreforts de Gueldamen où très jeune, il extrait la matière première (igazdam) dans “ayadhrar gueldamen agoumadhik d’Akbou”. Même l’émigration et l’indépendance du pays ne sont pas en reste, en les mettant en relief respectivement dans : “El-ghorba mlakouas” et “El-houria”. Durant son parcours artistique, il a côtoyé de grands chanteurs de renommée nationale ou internationale : Allaoua Zarrouki, Mohamed Djamoussi, Chérif Kheddam, Farid El Atrache… mais reste méconnu du grand public, notamment seddoukois qui l’a découvert lors de ses récents retours au pays durant les années 1980, où il a animé plusieurs soirées à l’occasion des fêtes des particuliers. Ses chansons, tirées toutes du terroir, ont fait de lui un chanteur d’un grand talent qui a su allier le verbe à la musique. D’ailleurs, depuis, les gens notamment les jeunes, n’aimaient fredonner que ses chansons. Une année s’est écoulée depuis qu’il a quitté ce monde et à présent aucun hommage ne lui a été rendu par la télévision algérienne ou le ministère de la Culture pour ses qualités de moudjahid et de chanteur. “Repose en paix Da Mohand”

L. Beddar

Partager