Les dirigeants des pays africains, dont le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, arrivé vendredi après-midi à Accra, se retrouvent depuis hier jusqu’au 3 juillet dans la capitale ghanéenne pour trois sommets qui traiteront, tour à tour, du Nepad, de la bonne gouvernance et du projet de « gouvernement des Etats africains ».
Le rêve des Etats-Unis d’Afrique ne sera pas pour demain
L’idée de lancer un gouvernement africain se heurte à des obstacles multiples. La plupart des Etats-membres de l’Union africaine (UA) ne veulent pas former un gouvernement continental à la hâtive, mais préfèrent renforcer l’unité africaine par étapes, estiment des ministres lors des préparatifs du sommet d’Accra. Un projet qui a fait l’objet d’une résolution au dernier sommet de l’UA, en janvier à Addis-Abeba, et d’une réunion des ministres des Affaires étrangères africains en mai dernier à Durban, en Afrique du Sud. Cette approche, qualifiée de « gradualiste », semble dominer les préparatifs de la rencontre entre les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA. Pour certains ministres, il est plus que nécessaire d’aller droit vers ce qu’on a appelé communément, les Etats-Unis d’Afrique, un thème qui constitue le cheval de bataille du guide de la révolution libyenne Maâmar Kadhafi, soutenu par nombres chefs d’Etats du Sahara et du Sahel à leur tête le Sénégalais Abdoulaye Wade. En effet, Kadhafi appelé à la création immédiate d’un gouvernement africain, d’une armée, d’une devise et d’un passeport uniques. Cela dit, pour d’autres pays africains, ce serait hâtif et contreproductif. La société civile africaine, tout en reconnaissant l’attraction qu’exerce le rêve panafricain, a rappelé aux dirigeants qu’ils devaient s’occuper de problèmes plus urgents, comme les conflits du Darfour et de Somalie, la crise au Zimbabwe, la pauvreté endémique qui ronge des millions de leurs citoyens.
On s’attend à ce que les ministres des AE recommandent à leurs chefs d’Etat de commencer par renforcer les structures existantes, comme les communautés économiques régionales et les organes de l’UA tels que le Parlement panafricain. Plusieurs ministres pensent néanmoins lors des préparatifs du sommet d’Accra, que certains dossiers concernant l’Afrique entière, comme la lutte contre la désertification ou la recherche scientifique, pourraient dès maintenant être traités à l’échelle du continent, comme semble faire notre pays qui plaide pour « une approche pragmatique » pour assurer l’intégration de l’Afrique, par le renforcement de la Commission de l’UA, la consolidation des institutions panafricaines existantes (Conseils de paix et de sécurité, Parlement, Cour de justice,…).
Les Africains évalueront l’état de la bonne gouvernance de l’Algérie
Le 7e Forum du mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), qui doit se tenir aujourd’hui traitera, en effet, de l’état de la gouvernance dans deux des principaux pays du continent : l’Algérie et l’Afrique du Sud. Pour l’Algérie, le rapport de son « évaluation » sera présenté au Forum du MAEP. Un « Plan d’action » de ce que l’Algérie compte faire pour améliorer l’état de la gouvernance sera également présenté au Forum. Elaboré par les membres de la mission du MAEP, qui a séjourné dans le pays du 10 novembre au 5 décembre 2006, puis du 3 au 14 mars derniers, ce sera la première fois depuis l’indépendance que l’Algérie se soumettra, de bonne guerre, à une évaluation de sa gouvernance, sur les trois paliers politique, économique et d’entreprise. Créé le 9 mars 2003 à Abuja, dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad), lancé un an auparavant, l’Algérie a été parmi les premiers pays à adhérer au MAEP au moment même de sa création. Le MAEP n’est pas un test, mais un espace d’échanges d’expériences et de visions afin de tirer les bons exemples en matière de bonne gouvernance. Dans la capitale ghanéenne, les rapports sur la gouvernance en Algérie et en Afrique du Sud sont très attendus, de la part des autres pays africains mais également des partenaires de l’Afrique. Par ailleurs, l’évaluation des aboutissements du sommet de réflexion sur le Nepad, tenu en mars dernier à Alger, sera réalisée, notamment le volet portant l’intégration du secrétariat du Nepad à la Commission de l’Union africaine (UA) avec l’étude des résultats du sommet avec le G8, tenu le 8 juin dernier à Heiligendamm, en Allemagne, et en fera un rapport au sommet de l’UA
Yassine Mohellebi