Un verdict qui se fait désirer

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Le tribunal Abane Ramdane près la cour d’Alger devait statuer, hier tard dans l’après- midi, sur l’affaire des douze enseignants syndicalistes poursuivis en justice par Benbouzid, ministre de l’Education nationale.

Il s’agit des six syndicalistes affiliés au bureau national de la Coordination nationale des professeurs de l’enseignement technique et secondaire ( CNAPEST), mis sous contrôle judiciaire avec retrait de passeport pour une période de deux années, entre avril 2004 et décembre 2006 et de sept autres animateurs de l’Intersyndicale de l’éducation, composée, notamment du CLA, SATEF, SETE-Bejaia et UNPEF. Les griefs retenus contre eux par le juge d’instruction sont, entre autres, le non- respect des décisions de la justice, appartenance à des syndicats non reconnus, grèves illégales. Ils étaient nombreux, enseignants, animateurs de la société civile et de syndicats autonomes, à venir tôt le matin au tribunal pour manifester leurs soutien indéfectible aux professeurs incriminés. On pouvait remarquer la présence de l’inusable Ali Yahia Abdenour et de Hocine Zehouane, respectivement président d’honneur et président de la LADDH, Farid Cherbal, porte- parole du CNES, Rachid Malaoui du SNAPAP et Salhi Chawki du PST. Convoqués à 9 h du matin, les professeurs mis en cause ont dû poireauter, au même titre que leurs collègues idem pour les journalistes, dans la hall du tribunal jusqu’à l’après- midi pour pourvoir passer devant la barre dans une salle à l’air suffocant et intenable. Poursuivi dans 14 procès pendant 4 années, Osmane Redouane, porte- parole du CLA, soutient que le droit de grève ne doit pas emprunter le chemin des tribunaux.

Il réclame que les pouvoirs publics octroient les récépissés d’agrément qui permettront aux syndicats automnes d’exercer dans la transparence. « Le juge doit être celui des libertés, non pas des interdits », plaide-t-il. De son côté, l’infatigable Ali Yahia Abdenour n’a pas eu de mots tendres envers l’UGTA qu’il accuse « d’avoir tourné le dos aux syndicats en favorisant les syndicats de concertation et de soumission à la politique socioéconomique du pouvoir au détriment du syndicalisme de protestation ». Le défenseur des droits de l’homme regrette que Tayeb Louh, ministre du Travail, de l’Emploi de la Solidarité nationale, ne veuille pas reconnaître les 56 syndicats autonomes bien que ceux-ci remplissent les conditions exigées.

Par ailleurs, maître Hocine Zehouane, avocat des professeurs animateurs des grèves cycliques et poursuivis en justice, considère « ’infondés » lesdits chefs d’inculpation. Il a mis l’index les moyens « lourds » de répression dont use et abuse l’administration pour réprimer les syndicats, et ce, au lieu d’engager un processus de négociation.

Cela dit « quand elle négocie, cela se fait de manière dilatoire », renchérit-il avant de réclamer que les problèmes soient abordés de manière pacifique. A l’heure où nous mettions sous presse, le verdict n’était pas encore tombé. Nous y reviendrons demain.

Hocine Lamriben

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