Le double jeu d’Aboudjerra Soltani

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Le tout nouveau ministre d’Etat sans portefeuille a commencé sa conférence par » des leçons » de démocratie. Des leçons qu’il veut à la fois adressées à ses militants et à la classe politique puisque le leader du MSP a étalé les “bases de la démocratie” dans notre pays et dans le monde. Il dit que l’Algérie est une démocratie et que la pratique démocratique « doit d’abord commencer dans les partis politiques ». Soltani a dit tout cela pour prouver que la tempête vécue par son parti depuis sa nomination dans l’exécutif gouvernemental « n’est qu’un débat démocratique et interne au parti ». C’est d’ailleurs dans cette logique que le successeur de Mahfoud Nahnah pense qu’il n’y a pas de crise dans sa formation parce que, dit-il, « sa nomination comme ministre d’Etat est conforme aux statuts du parti ».Pour preuve, le chef du Hamas dit avoir consulté les G 05 du parti, entre autre, Menasra, Mokri, Megharia qui « ont donné leur accord ». Pour le reste, Soltani dit avoir exécuté les décisions du majliss echoura (conseil consultatif) de sa formation » qui a donné son verdict ». Loin de se limiter aux problèmes internes à son organisation politique, le « cheikh » Soltani a confirmé, encore une fois, le double jeu du MSP concernant les décisions du gouvernement auquel il appartient depuis maintenant dix ans. »Nos places ne feront pas changer nos positions », a déclaré le leader de Hamas qui pense que la suppression de la filière des sciences islamiques au bac « est une provocation pour le sentiment des Algériens ». Pour lui, si l’Etat « n’enseigne pas le véritable islam, d’autres qui le feront à sa place ». Comment ? Aboudjerra Soltani cite en exemple « les mosquées anarchiques » sont apparues au début des années 1980, lorsque l’Etat s’était désengagé de la construction des lieux de culte. Cette situation est, selon toujours le conférencier, dangereuse, car  » elle fera naître un terrorisme qu’on a abattu ». Quelle sorte de terrorisme ? Le chef islamiste refuse de répondre. Cette position contraire à la volonté du gouvernement n’est-elle pas en contradiction avec la coalition gouvernementale ? « Non », répond Soltani avant d’ajouter qu’ »il n’y a pas de demi-mesure » en politique « l’islam est un culte et une loi ». Comme quoi, le Hamas n’a toujours pas abandonné l’idée d’une « dawla islamia ». Le nouvel homme fort du MSP déclare maintenir sa participation à l’Alliance présidentielle « qui se porte bien après l’attribution du portefeuille du ministère d’Etat », mais dit ne pas partager certains choix comme celui de l’éducation et de la loi sur l’état d’urgence. « J’aime les rings.J’exprime mes positions là où je suis. Nous n’avons peur de personne sinon des lois de la République », a encore enfoncé Soltani en réponse à son « ami » Ahmed Ouyahia qui a déclaré que ceux qui « s’opposent au projet n’ont qu’à exprimer leur désaccord lors du Conseil des ministres ». Par ailleurs, Aboudjerra Soltani ne s’est pas gêné de répondre par un autre défi même s’il dit qu’il n’a aucun problème avec Ouyahia et Benbouzid mais « avant les institutions » qui ont initié les réformes. “Nous sommes irrités. Et nous le serons toujours même si les décisions sont assumées par l’Etat”. Au contraire, le conférencier se met sur la défensive en décrétant que « ce sont les autres qui ont piétiné les pactes de l’Alliance parce qu’ils n’ont pas respecté la clause relative à la défense des constantes nationales ».C’est donc à un jeu de contradictions que s’est adonné le chef du MSP qui croit toujours que le Président « répondra favorablement » aux sollicitations de son parti. Autrement dit, Abdelaziz Bouteflika ne va pas réformer le système éducatif.

Ali Boukhlef

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