Lqoum n tedjal (le peuple des gnomes)

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Pour les Grecs c’est Atlas qui porte sur ses épaules le poids du monde. Pour les Kabyles, d’après la légende qui suit, le monde entier repose entre les cornes fabuleuses d’un taureau titanesque. Tant que le taureau ne bouge pas, le monde est stable, s’il bouge un peu, il crée les séismes et déclenche des ouragans. C’est ce qui s’est passé jusqu’à présent, mais si jamais un jour, le taureau se fatigue de porter un tel fardeau sur sa tête et qu’il décide de bouger plus que d’habitude, ou qu’il baisse la tête, ce serait alors la fin du monde. Tout ce qui a été créé disparaîtrait à jamais.Ce monde à l’avenir incertain est composé de sept couches de terre superposées. Au dessus de ces couches, il y a sept cieux. Les êtres vivants vivent sur la septième couche. Les êtres vivants ne sont pas seuls au monde. Sur la première couche de terre, vivent des êtres très petits qu’on nomme “Lqoum n tedjal” (le peuple des gnomes) qui naissent d’œufs comme les fourmis. Ces créatures abominables sont très méchantes et très virulentes. Pour protéger l’espèce humaine de ces gnomes, Dieu a créé un arbre gigantesque, qui étend ses racines sur l’ensemble de la couche de terre, où vivent ces êtres voraces et qui n’ont qu’une seule idée en tête, remonter à la surface pour détruire tout ce qui s’y trouve. Depuis la création du monde, ils s’y attellent. Du matin jusqu’ai soir, ils rongent les racines par dizaines de milliers voire des millions. En fin de journée les racines sont presque toutes dévorées, l’arbre est prêt de tomber, mais à la dernière minute le chef des gnomes décrète l’arrêt des travaux en disant :“ – Assagi akhedim ikfa An arthah’ ar azekka !(Les travaux sont terminés pour aujourd’hui, on va se reposer demain on va recommencer !)”.Après s’être reposés durant la nuit “Lqoum n tedjal” (les gnomes) reprennent leurs travaux de sape, mais par la grâce de Dieu, les racines de l’arbre avaient comme par enchantement repoussé au cours de la nuit.Bien que mécontents et déçus “Lqoum n tedjal” ne s’avouent pas vaincus. Dès le réveil, ils sont à l’assaut des racines pour les détruire mais grâce à la repousse continue, ils n’y parviennent pas. Le phénomène dure depuis des millions d’années, et heureusement pour nous, car si les gnomes avaient pu franchir l’obstacle constitué par les racines de l’arbre magique, le monde où nous vivons aurait été envahi et l’espèce humaine aurait disparu !«Our kefount eth h’oudjay inou our kefoun ir den ts emz’ine as n-elaid an en etch ak’ soum ts h’emz’ ine ama n g’a thiouenz’ iz’ ine.»(Mes contes ne se terminent comme ne se terminent l’orge et le blé. Le jour de l’Aïd, nous mangerons de la viande et des pâtes, jusqu’à avoir des pommettes rouges et saillantes).

Benrejdal Lounes

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