Livre amazigh : le grand absent

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Si le Salon international du livre d’Alger, tenu du 31 octobre au 9 novembre 2007 aux Pins Maritimes a été à tous points de vue une réussite. L’absence du livre amazigh reste toutefois le point noir de cette manifestation qui a drainé des dizaines de milliers de visiteurs. Sur le plan du salon, et après une recherche minutieuse, nos yeux tombent sur un petit stand portant le n°102 avec la mention “HCA”.

On comprend vite qu’il s’agit du stand du Haut commissariat à l’amazighité. On se dirige difficilement vers le lieu indiqué (car l’affluence incroyable des visiteurs rend les déplacements ardus entre les différents stands). Une fois sur place, grande fut notre surprise, le stand destiné au HCA, donc par truchement au livre amazigh est occupé par les éditions “Nouveaux Horizons” (USA). On pense d’abord à un changement d’emplacement de dernière minute. Mais notre recherche fut vaine dans pratiquement tous les recoins du pavillon central. Un coup de fil à un responsable du HCA, sur proposition de notre accompagnatrice et l’on apprend qu’à la dernière minute, la participation du Haut commissariat à l’amazighité a été annulée. Les raisons sont à chercher. En l’absence d’un stand HCA, il est donc inutile de chercher un espace consacré au livre berbère.

Cette défaillance est gravissime, au vu de la grande dimension prise par le Salon international. Des dizaines de milliers d’ouvrages, toutes spécialités confondues et dans plusieurs langues, arabe, français, anglais, allemand, espagnol, italien et tutti quanti, sauf en tamazighit. Quelques livres en français inhérents à la culture berbère peuvent toutefois être signalés à l’image du livre sur Si Mohand u M’hand écrit par Younès Adli ou les deux livres sur Matoub Lounès écrits par Abderrahmane Lounès ainsi que le dictionnaire de la culture berbère.

Ces ouvrages sont proposés aux stands des Editions Edif 2000 avec des réductions de 100 DA. On peut aussi tomber presque par inadvertance sur des petites plaquettes de poésie que proposent les éditeurs tizi-ouzéens, mais dans ce magma constitué de montagnes de livres, chercher un livre en berbère c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Seule l’existence d’un stand régulièrement dédié au livre amazigh aurait pu sauver l’honneur d’une langue menacée de disparition car elle est utilisée uniquement pour se faire remplir les poches et les urnes. Quant aux livres, cela ne semble pas trop rapporter.

A. Mohellebi

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