A qui profite la privatisation du CPA ?

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Avant la fin de l’année ou, du moins, dans les tout prochains jours, le gouvernement annoncera la privatisation officielle du Crédit populaire d’Algérie (CPA). A l’issue de l’opération qui devrait s’achever, selon nos informations, incessamment, le futur partenaire financier- sans aucun doute une banque française- va détenir 51% de la banque publique. Alors que l’Etat algérien, lui, conservera le solde.

Si les milieux d’affaires internationaux et le gouvernement algérien peuvent déjà se féliciter de l’aboutissement de cette privatisation, la première du genre en Algérie, le citoyen algérien a peu de raisons de se réjouir de cette privatisation du CPA. Il est vrai que la population algérienne devrait profiter de l’implantation d’un grand groupe bancaire étranger dans le pays dans la mesure où cela permettra la création d’emplois et à introduire des améliorations dans le fonctionnement de la banque publique. Mais, un détail important a, peut-être, été négligé par les autorités algériennes avec la privatisation du CPA. L’importance de ce détail veut que dans la majorité des pays du monde, les opérations de privatisation d’entreprises publiques s’accompagnent souvent d’introduction en Bourse de ces dernières ou d’une offre à des conditions privilégiées sur une partie du capital réservée aux particuliers et aux salariés des groupes vendus. L’objectif principal reste celui de faire profiter la population, à moyen et long termes des richesses nées de cette privatisation. Il n’échappe à personne que dans quelques années, le CPA devrait atteindre des niveaux de rentabilité exceptionnels.

Le marché bancaire algérien est très prometteur et l’arrivée d’un management international à la tête de la banque publique va, sans doute, contribuer à la rendre très rentable. Or, sans une implication directe des Algériens au capital du CPA, la richesse créée resterait détenue par l’Etat et le futur partenaire. Il faut signaler qu’en Europe, toutes les opérations de privatisation dans les secteurs de l’énergie ou des télécommunications ont été accompagnées d’offres destinées aux particuliers. Les Saoudiens font encore mieux : le titulaire de la dernière licence mobile a été contraint d’introduire 20 à 30% de cette dernière en Bourse pour faire profiter les Saoudiens des richesses qui seront créées ultérieurement. «Imaginons si l’Algérie avait exigé la même chose d’Orascom pour lui attribuer le licence Djezzy. Les Algériens détiendraient aujourd’hui 20 à 30% d’une licence qui vaut plusieurs milliards de dollars. De telles opérations vont permettre à la fois de dynamiser la Bourse d’Alger et diversifier l’épargne des Algériens. On s’interroge pourquoi le gouvernement algérien refuse d’introduire de telles mesures», souligne un économiste. Le ministre des Participations, Hamid Temmar, continue de fuir le sujet. Interrogé sur la question par un confrère, il s’est contenté de répondre : «Ce n’est pas à nous d’imposer de telles mesures.» En tout cas, la privatisation du Crédit populaire d’Algérie (CPA) est entrée dans la dernière ligne droite avec la remise des documents juridiques (contrat de concession, pacte d’actionnaires) aux six banques étrangères candidates au rachat de 51% du capital de cette banque publique. Le 30 octobre, les six établissements concernés – BNP Paribas, Santander, Banques populaires, Société Générale, Crédit Agricole et Citibank – ont officiellement réceptionné les fameux documents leur permettant d’établir les offres techniques et financières. Bien qu’aucune date ne soit avancée pour la conclusion de l’opération, qui constitue la première privatisation d’une institution financière publique en Algérie, le gouvernement souhaite que le dossier soit définitivement clos avant la fin de l’année 2007. Créé en 1966, le CPA, qui compte quelque 130 agences, 15 succursales et plus de 1,2 million de clients, est l’une des plus importantes banques du pays.

Nacer O.M.

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