La flambée des prix des produits de première nécessité, les grèves répétées dans les universités des quatre coins du pays, sont un signe patent de malaise social. Cette situation risque de basculer vers une crise aiguë, voire une explosion sociale d’envergure semblable à celle d’octobre 1988, avertissent certains responsables politiques, tandis que d’autres essayent, tant bien que mal, de situer les responsabilités de ces flambées et de ce malaise.
Contacté hier, par téléphone, M. Tine, responsable au sein du Front national algérien (FNA), dira que, » la détérioration du cadre de vie ainsi que la misère qui gagne de terrain est un mauvais signe « . Il ajoute que » les pouvoirs publics, au lieu de faire face à cette situation et d’activer dans le sens de soutenir et de subventionner certains produits, ont préféré lever la subvention de certains produits de première nécessité « . Par ailleurs, M. Tine considère que les événements de Biskra sont un avertissement précoce à une crise redoutable. D’autre part, le responsable au FNA estime que la solution réside dans la prise en charge des doléances des citoyens en procédant à l’augmentation des salaires. Interrogé sur la nouvelle Grille des salaires, il a souligné que sa mise en vigueur interviendra en début de-l’année prochaine, » mais rien n’indique cela « . Il a ajouté que cette grille est en deçà des attentes des citoyens.
Pour sa part, M. Bouhedja, chargé de communication au sein du FLN, estime que l’ex-parti unique a oeuvré pour l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens, même si » des oppositions ont été signalées « . Il a indiqué que certains produits sont subventionnés, comme la pomme de terre avec l’exonération des importateurs des taxes douanières, regrettant toutefois que ceux-ci importent plutôt de la mauvaise qualité. En outre, M. Bouhedja a relevé que la seule solution est de préserver le pouvoir d’achat de la population. Il ne dit évidemment pas comment.
Pour le PT, par la voix de Labcheri, la crise que vit le pays est la résultante des accords d’associations avec l’Union européenne. Il a estimé que cet accord vise le bradage de la production nationale. Sur la crise au sein des universités, il a indiqué que l’Etat doit répondre favorablement aux revendications des étudiants, du coté pédagogique, social et autres. A cela, M. Labcheri préconise une solution politique et qui consiste selon lui à la construction de nouvelles infrastructures universitaires et une meilleure prise en charge des étudiants. Il a rappelé que les universités algériennes ont produit une élite intellectuelle. Enfin il a ajouté que la solution n’est surtout pas la privatisation. De son coté, le Mouvement pour l’autonomie en Kabylie (MAK), dans une déclaration sanctionnant les travaux de son comité exécutif estime que » le pouvoir algérien s’en fout de l’envolée des prix ; son seul objectif étant de perdurer. » Il considère que » le régime n’a que la répression à opposer aux émeutes sociales « . Il apporte par ailleurs son soutien aux luttes estudiantines.
Mohamed Mouloudj
