Dinar Sadoun : “Le retour à la source est vitale”

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A cet effet, le regroupement dans le cadre associatif est la meilleure des alternatives.

Issue d’une famille d’immigrés Dinar Sadoun, ses pairs à ses côtés, a mené un travail de longue haleine dans ce sillage ; sensibiliser son jeune entourage et l’encourager à parler de leur double identité afin d’assumer sa citoyenneté. Les efforts consentis se sont soldés par la création d’une association qui, depuis, canalise et focalise l’énergie des jeunes générations, avec l’aimable collaboration du staff de leur municipalité.

L’(ACFBBL) ; Association coordination des Franco-Berbères du bassin de Longwy – département 54-région de Nancy – a été créée en 2007, suite à un long travail de proximité. Dinar Sadoun, assistante maternelle de formation et animatrice d’une émission sur la culture berbère à Radio Aria, est membre du mouvement associatif où elle a milité depuis des années. “Elle est de tout les combats”, dit-on d’elle, en particulier pour la protection et la sauvegarde de la culture berbère sur le terrain de l’immigration. On a fait sa connaissance dans les coulisses du Festival du film amazigh de Sétif. Dans l’entretien qu’elle nous a accordé, elle évoque Slimane Azem, Chikch El Hasnaoui, Matoub…. des générations d’émigrés, les activités de leur association qui attirent et intéressent les jeunes générations.

La Dépêche de Kabylie : Comment l’association a-t-elle été créée ?

Dinar Sadoun : L’obligation de créer une association se faisait sentir il y a déjà longtemps. Le problème c’est qu’il n’y avait pas quelqu’un pour prendre le projet à bras le corps. Les générations qui nous ont précédé n’ont jamais eu droit à la parole, alors que les communautés des autres pays se regroupaient en association pour débattre de leurs problèmes…

Parlez-nous de vos débuts.

On a commencé à parler de S. Azem, Chikh El Hasnaoui…D’ailleurs, On a évoqué cela avec le maire de notre localité – Longwy — pour baptiser une rue au nom de S. Azem. Il nous a promis cela pour le prochain anniversaire de l’association. A propos de S. Azem, je l’avait rencontré une fois, la deuxième fois qu’on était passé le voir… Il n’était plus de ce monde.

Quels sont les objectifs de votre association ?

C’est en discutant de S. Azem, lors de nos échanges avec le maire lequel nous a fait part de son idée de travailler avec les autres, qu’on a pensé qu’il fallait qu’on fasse quelque chose pour nos anciens. Notre objectif essentiel est de faire la prospection de notre mémoire, cela à travers l’interrogation ; en redonnant la parole à tout un chacun, ancienne et nouvelle génération, pour un échange de qualité s’ouvrant sur le futur que l’on espère radieux, surtout pour nos enfants.

Comment les jeunes ont-ils reçu cette idée ?

Nasser Boudjou, écrivain public à la mairie y était pour beaucoup. Le film documentaire réalisé Parole retrouvée, un film basé sur des témoignages marquants des anciens. C’est un véritable travail de fourmi. C’est petit à petit qu’on a réussi à nous imposer face à tout le monde : Français, communauté algérienne…Ils apprécient qu’on leur parlent de leurs origines, de leur liens et de leur identité culturelle. Le fait que l’association soit avec eux, leurs droits respectés …On leur explique que pour se faire entendre, il n’y a pas que la violence ; Ils ont leurs droits et eux-mêmes ont le devoir de respecter la légalité. Dès mon arrivée, j’ai animé une journée de sensibilisation à l’intention des jeunes pour leur faire connaître le droit et la loi.

Avez- vous des projets pour l’avenir ?

Le programme tracé est riche et varié : manifestation culturelle, cours de langue berbère ; une danseuse luxembourgeoise qui vient apprendre le berbère, c’est merveilleux ! Le Nouvel an berbère sera fêté avec Akli.D et l’aimable collaboration de la municipalité de Longwy : une conférence sur “la colonisation, la lutte contre la discrimination et l’affirmation de la diversité culturelle, source de cohésion sociale”.

Nous participerons au Festival du conte de Mont Saint-Martin (juin 2008), la Journée de la femme (expositions, salle des jours du musée des Arts traditionnels berbères. Un cycle de conférences : Statut de la femme, les religieux, citoyenneté, civilisation berbère,…L’école, la violence, la famille, l’identité, émission radio ARIA dans l’émission Izuran (une demi-heure par semaine), intervention auprès des établissement scolaires de Longwy…

Racontez-nous la rencontre avec Matoub Lounès….

Il était venu à Nancy quelque deux ans avant sa mort. Il n’était pas bien rétabli, il est revenu une seconde fois chanter avant sa mort… il est très cool, doué d’un fort sens de l’humour. Je partage ses idées…

Peut-être, il était un peu trop fort sur certains points …C’est en tapant fort parfois qu’on arrive à faire bouger les choses …il a raison souvent !

Ahmed Kessi

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