Tizi a le blues

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La dégradation des conditions de vie va crescendo dans la ville de Tizi -Ouzou. Ce constat est relevé à tous les niveaux, sans qu’il ne suscite pour autant une réaction des autorités ou des élus, devant l’indignation, parfois colérique, des citoyens.

En effet, il est signalé des foyers de protestation, pratiquement dans toutes les localités de la wilaya. Les populations s’insurgent contre le laisser-aller, le laxisme et la démission devant le développement des fléaux ravageurs du tissu social où la jeunesse reste la cible privilégiée.

L’insécurité, les rapts, les assassinats, les rackets, les faux barrages, les kidnappings… sont devenus le quotidien de cette région. Le terrorisme et le banditisme ont tacitement scellé une alliance pour faire de cette région un espace déserté ou redoutable à plus d’un titre. Ne pas évoquer la prolifération des lieux de débauche et la commercialisation des drogues, c’est feindre volontairement d’atténuer les proportions prises par ces derniers, c’est aussi masquer une réalité qui touche des centaines de jeunes et de pères de famille, défiant et outrepassant toutes les règles morales et civiques. Ces dernières semaines, des populations entières, regroupant plusieurs villages, se sont mobilisés pour délocaliser, voire éradiquer des lieux de prostitution organisée, se situant à la périphérie de lieux d’habitation, comme c’est le cas dans la localité de Boghni, ou encore dans la région de Yakourène. Les citoyens sont en phase de collecte de signatures pour dénoncer ce phénomène, en saisissant le wali et toutes les autorités compétentes pour stopper cette grave dérive. L’ampleur gravissime prise par ce mal destructeur et qui ne profite qu’aux patrons de ces établissements, lesquels amassent des fortunes colossales, inquiéte et necéssite des réactions énergiques mais également la réhabilitation de l’Etat dans une région sensible comme la Kabylie. La saisie par les services de sécurité à Tizi-Ville, d’une importante quantité de drogue -héroïne-, en provenance d’Alger donne à réfléchir sur le niveau de déliquescence atteint en un temps-record.

Les jardins publics, à travers le monde, sont destinés à la quiétude, c’est tout l’inverse auquel on assiste à Tizi, la délinquance y a imposé son dictat et est devenue maîtresse des lieux. Les interventions sporadiques des services de sécurité et en dépit des mesures punitives prises contre ces squatters, n’ont guère dissuadé les occupants des lieux. En tout état de cause, la ville de Tizi se noie dans un cauchemar, et menacée mort latente. Les citoyens ressentent le poids de la décadence, et l’érosion effrénée, il suffit seulement de traverser le centre ville pour s’en apercevoir, des eaux usées se déversant à ciel ouvert, des détritus de toutes natures jonchant la rue principale. L’exiguité des trottoirs et leurs dégradations ne permettent pas un trafic piéton serein, aggravée par les trémies exigés en plein centre-ville, simplement le défigurant totalement le faciès et n’apportent aucune amélioration sensible à la circulation routière. Comment expliquer cet arrêt du développement de la région et son enlisement dans la déchéance, ce qui s’apparente à une conspiration, dès lors qu’on assiste à un désengagement total des élus et de l’administration, sans parler des partis politiques affichant un total désintérêt et en parfaite déconnexion avec le quotidien des populations. Le destin de la région, non seulement est en jeu mais constitue aussi un enjeu stratégique avec lequel se nouent et se dénouent des situations de crises.

Khaled Zahem

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