»Les entreprises françaises manquent d’information sur le marché algérien »

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La Dépêche de Kabylie : Les opérateurs économiques algériens trouvent beaucoup de difficultés à se déplacer vers la France. Quelles mesures comptez-vous entreprendre pour faciliter leur déplacement ?ll Pierre Mourlevat : Concernant les visas des hommes d’affaires algériens, c’est une question à laquelle nous sommes très attentifs. Nous souhaitons que tous les hommes d’affaires algériens qui ont des projets en France puissent se rendre en France sans difficulté. Nous avons des délais de traitement des visas incompressibles qui sont de trois semaines à un mois. Ils sont liés aux procédures Schengen. Mais nous mettons tout en œuvre pour que ces délais soient respectés et pour que les hommes d’affaires algériens puissent effectuer leur mission en France dans de bonnes conditions. Le délai est totalement entrant par la réglementation de Schengen, donc nous ne pouvons pas le changer. Pour les hommes d’affaires algériens, qui ont une relation très étroite avec des partenaires français sur un certain nombre de projets, il est possible de leur délivrer des visas de longue durée avec plusieurs entrées. Pour ce qui est du guichet unique, notre dispositif prévoit une personne spécialisée sur les dossiers des hommes d’affaires au niveau du consulat, et à la mission économique de l’ambassade, il y a un collaborateur qui est le correspondant de ce dernier pour permettre que les dossiers des hommes d’affaires soient prêts dans les meilleures conditions.

Quels sont les projets d’investissement inscrits au titre de cette année ? ll Les sociétés françaises ayant participé à la Foire d’Alger sont essentiellement des PME spécialisées dans les biens et les équipements. Ils travaillent sur des projets d’exportation et de partenariat. L’investissement se fait d’abord, pour une première étape, par la création d’une filiale pour représenter ces entreprises en Algérie à travers un partenariat durable, ce n’est que vers la deuxième étape que ces sociétés envisageront des projets d’investissement industriel. Mais néanmoins, on constate que beaucoup d’entre elles ont tenté de créer des filiales qui font leur premier pas dans la stratégie d’investissement.

Quelle serait votre démarche pour tenter de convaincre les entreprises françaises à venir en Algérie ?ll En discutant avec les opérateurs français lors de la 38e FIA d’Alger, j’ai constaté que les entreprises françaises manquaient d’information sur l’Algérie, elles avaient parfois des informations qui n’étaient pas adaptées à la situation économique. Cette foire leur a permis de mieux percevoir la réalité algérienne et les opportunités du marché. Je crois qu’il est conseillé de faire plus ! Pour le mois de septembre prochain, au niveau de la mission économique de l’ambassade de France, nous avons prévu une tournée avec les principaux responsables de la mission économique et des Chambres de commerces françaises afin de poursuivre le travail qui a été entamé pendant la Foire d’Alger et continuer à présenter aux hommes d’affaires français les opportunités d’implantation pour quelque secteur prioritaire et les modalités d’implantation ainsi que l’aide que nous pouvons leur apporter pour développer leur implantation. Ce sont là des objectifs que nous nous sommes fixés et que nous ferons en partenariat avec la Chambre de commerce et d’industrie de France en Algérie.

Contrairement à l’année dernière, cette année nous n’avons enregistré aucune venue d’un institutionnel à la Foire d’Alger. S’agit-il d’un désintérêt de la part du nouveau gouvernement vis-à-vis du marché algérien, ou s’agit -iltout simplement d’une crise passagère dû au « Non » massif des Français au référendum ?ll Ce n’est pas un désintérêt. François Loos qui était ministre délégué au Commerce extérieur avait prévu de venir les 03 et 4 juin, notamment pour inaugurer la journée française de la Foire d’Alger et malheureusement le remaniement ministériel est intervenu la veille de sa visite. Dès lors qu’il y avait un Conseil des ministres exceptionnel pour le nouveau gouvernement, le 3 juin, il lui était totalement impossible de venir en Algérie. François Loos a beaucoup regretté le fait qu’il n’ait pu venir à Alger pour cette mission économique qui était très importante pour les autorités françaises puisqu’il était prévu de consacrer deux heures avec le ministre de l’Industrie El Hachemi Djaâboub afin de délimiter un certain nombre d’actions communes à l’occasion de cette foire. Malheureusement, c’est un aléa de calendrier qui n’a aucune signification politique. Je suis sûr que n’importe quel ministre français viendra très rapidement en Algérie.

A propos des résultats du référendum, est-ce que le « Non » massif des Français est un « non » à tout pays, notamment l’Algérie qui a des relations privilégiées avec l’UE ?ll Je crois qu’il n’y a aucune relation entre les résultats du référendum et le partenariat entre l’Algérie et l’Union européenne. L’accord d’association entre l’UE et l’Algérie n’a jamais été remis en question en France. C’est un accord que nous soutenons très fortement. De même que nous soutenons fortement la dynamique Euromed dans laquelle s’insère l’Algérie pour renforcer les relations au sein du bassin méditerranéen et en somme les relations prioritaires avec l’Algérie.

Entretien réalisé par Sabrina Bouras

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