Récupération de déchets : ce nouveau filon

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Sans doute l’avez-vous déjà remarqué aux abords de la route nationale, cette foison de déchetteries qui accrochent le regard autant par leur aspect lugubre que par leur incongruité. Nous avons dénombré sur l’axe Akbou-Bgayet une bonne douzaine de ces cimetières de ferraille où s’entassent des objets hétéroclites de toutes provenances et rongés par la rouille. “Nous débarrassons l’environnement de ses déchets qui l’empoisonnent, nous produisons de la valeur ajoutée et nous faisons vivre des familles”, nous assène d’emblée Messaoud, l’un de ces commerçants atypiques, installé à Chikhoune près d’Ighzer-Amokrane, comme pour signifier à ses contempteurs que son activité est ce qu’il y a de plus indispensable. “J’exerce dans la légalité. Je possède un registre du commerce et je paie les impôts”, surenchérit Messaoud qui loge dans un baraquement de fortune érigé sur le site qu’il loue à

8 000 DA par mois. Dans la région de Sidi Aïch, un autre dépôt de bric et de broc dont le propriétaire décline la même raison sociale : récupération de déchets. A ceci près cependant qu’ici on fait dans le plastique de rebut en plus des métaux ferreux et non ferreux. “Tous les déchets que vous voyez sont destinés au recyclage. Il sont refilés soit à des transformateurs locaux, soit exportés pour ce qui est des métaux à forte valeur marchande”, nous explique-t-il.

Un détail nous a intrigué chez ces commerçants au bagout de camelot, très habiles à tenir le crachoir : c’est leur promptitude à se dérober dès qu’on essaie d’aborder les questions liées aux recettes et aux plus-values tirées de ce négoce pas comme les autres. Seul un commerçant installé au village Laâzib, non loin de la zone industrielle Taharacht a consenti à lâcher le morceau, sans toutefois trahir ce qui semble tenir de secret professionnel : “Les prises varient de 7 DA pour la tolle à 160 DA pour le cuivre. Quant au chiffre d’affaires, il est globalement encourageant”, confesse-t-il mais quelque peu embarrassé. Faut-il relever enfin que tous les récupérateurs de déchets que nous avions rencontrés viennent de la wilaya de Mila. Pourquoi ont-ils jeté leur dévolu sur la vallée de la Soummam pour exercer cette activité ? Mystère et boule de gomme…

N. Maouche

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