La saison estivale, à peine ouverte, voilà que le spectre d’un été “tout feu tout flamme”, se profile à l’horizon. Le souvenir de 1995 est encore là, dans les esprits. Année de cendre et de fumée où Bgayet, un certain jour d’août, s’est retrouvée cernée par une ceinture de feu qui n’avait rien de naturelle. Et depuis, année sur année, le courant végétal à peine régénéré par des hivers inconstants et souvent inconsistants subit des coupes sombres. Il en est jusqu’à l’espèce de forêt, bien rachitique au demeurant, car n’ayant pas eu l’occasion et le temps de repousser, de Gouraya à être agressée et à subir l’œuvre vile des pyromanes. La main de l’homme, ce grand destructeur devant l’éternel, n’est certes pas étrangère à ce massacre autant bête que gratuit de la flore et de tout ce qui de loin ou de près constitue une réserve de la biosphère. Si, au moins, il reboisait ! Voilà un vocable qui a disparu depuis longtemps du discours de nos responsables. Quant au citoyen, on a comme l’indicible, l’impalpable impression qu’il n’aura de cesse qu’une fois, le désert, déjà à nos portes, aura fait la jonction avec la mer ! Bgayet, réputée tout au long de l’histoire pour ses forêts luxuriantes et son bois de qualité, disponible en abondance, abritait des chantiers de réparation navale connue de tous ceux qui, commerçants ou flibustiers, écumaient la mer Méditerannée. Des espaces verts, fortement boisés, il ne reste aujourd’hui qu’un souvenir évanescent.Cette année encore, depuis le lancement officiel de la saison estivale le 1er juin, les services de la Protection civile déplorent, à ce jour, 39 départs de feu. Quant aux dégâts, ils sont encore modestes : 19 ha de broussaille et 300 arbres fruitiers détruits.L’explication est simple : les températures restent clémentes. La Protection civile vient de bénéficier, il était temps, de l’apport d’un avion de type Antonov, venu renforcer ses moyens matériels. Il sera affecté à la surveillance du parc forestier et spécialement chargé de signaler, aux soldats du feu, tout départ d’incendie. Les interventions n’en seront que plus efficaces !Parmi les fléaux itératifs affectant le temps d’une saison la wilaya (en fait tout le nord du pays), il est deux autres phénomènes qu’on ne saurait dissocier du triptyque estival : les noyades et les accidents de la circulation, qui connaissent un pic en juillet et août. On retrouve les juilletistes et les aoûtiens même chez les morts ! A ce jour, les unités de la Protection civile, particulièrement mises à contribution, sont intevenues à 263 reprises sur le littoral, sauvant autant de fois des nageurs imprudents et/ou inconscients.Tous leurs efforts sont cependant restés vains dans deux cas où ils n’ont pu secourir deux personnes qui ouvrent ainsi le registre macabre des morts par noyade, un tribut que la région paye chaque année à la mer.Concernant enfin le “troisième élément”, les accidents de la circulation, la wilaya, depuis le 1er juin, a connu 29 accidents qui ont fait 4 morts et 46 blessés.Tous les appels à la prudence n’auront sûrement pas raison de ces fléaux. Ils se trouvera toujours des inconscients pour se dire que cela n’arrive qu’aux autres, cultivant un bien pâle esprit “Mithridateur”… Car aux lieu et place de l’immunité dont ils se réclament, ils se retrouvent souvent au cœur de catastrophes qui n’ont rien de virtuelles.
Mustapha R.
