Les mésaventures du jeune chasseur

Partager

(3e partie)

Comprenant où il veut en venir, ses deux sœurs adoptives demandent en chœur à la jeune beauté : “Ivgha kem g’math naghIlli kem tsislith naghNotre frère te veut, sois sa fiancée !Noukenti our negar akhamIrgazen en thetsithenOur netsemjaouj id’sen !(Nous on se marie pas, les mâles on les dévore. On ne les prend pas pour époux !)-Si notre frère te plaît, tu peux l’épouser et vivre avec nous.“De cette façon, personne ne le dévorera, et personne ne te causera des ennuis !”Convaincue, elle accepte de se marier. Devenue une femme à part entière, après une année de vie commune avec le jeune chasseur, elle met au monde un très beau garçon.De temps en temps, quand le mal du pays la prend, elle se transforme en colombe et va revoir les siens.Comblé, le jeune chasseur décide un jour d’aller voir sa mère qu’il a laissée seule depuis plus d’une année. Il confie sa belle épouse à ses sœurs adoptives et prend le chemin du retour.Arrivé chez sa mère, après de chaleureuses effusions, il lui apprend qu’il est marié et qu’il a un enfant.Sa mère est chagrinée de ne pas avoir assisté à son mariage, mais d’un autre côté, elle est contente d’être grand-mère et d’avoir un petit-fils.“Je veux les voir, tout de suite, fais moi plaisir ! Retourne les chercher !”Obéissant à sa mère, le jeune chasseur lui ramène quelques jours plus tard sa femme et son fils. Elle en fut ravie. Il lui remet un petit baluchon contenant des plumes de colombe et lui recommande de le cacher et de ne jamais le donner à sa femme. En outre, il lui demande de veiller sur elle comme sur la prunelle de ses yeux, et de ne jamais la laisser sortir seule. Conscient de la beauté de sa femme, il craint la jalousie des hommes capables de venir l’enlever pendant ses absences répétées. Désormais, il passe des jours chez ses sœurs adoptives pour chasser et des jours chez sa mère pour se reposer.Après le départ de son fils, sa mère trop fière d’avoir la plus belle bru de la contrée, décide de la montrer aux gens, pour les faire mourir de jalousie. Elle allait démontrer de façon magistrale à celles qui se moquaient d’elle, il n’y a pas si longtemps et qui traitaient son fils unique “d’amjah’” (dévoyé) qu’il avait épousé le plus belle femme du pays. Un matin sous un soleil radieux, la mère emmène sa bru à thala, (la source). La source se trouve à l’extrémité du hameau. Pour y arriver, elles doivent traverser la rue principale. A la vue de la jeune femme, les gens sont fascinés, ils n’ont jamais vu de leur vie une telle beauté.Ils la suivent du regard et poussent des soupirs de dépit. Ils sont jaloux du mari. En la voyant, le barbier, sans se rendre compte coupe l’oreille d’un homme qu’il rasait. Ce dernier ne s’est même pas aperçu, qu’il vient d’être mutilé.

Benrejdel Lounes (A suivre)

Partager