Lutte syndicale minée et dialogue social impossible

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Cinquante-trois syndicats autonomes activent aujourd’hui dans le secteur de la Fonction publique et le secteur économique public. En dépit d’une situation inédite relative au partenariat social et le dialogue social, le pouvoir ne reconnaît aucun de ces 53 syndicats comme partenaire social dans les faits. Le syndicat historique, UGTA, est de plus en plus décriée et accusée d’être un appareil du pouvoir.

L’ouverture démocratique de 1990 a été profitable à des groupes de masses de se constituer en groupes de pression structurés et activant légalement. La révision constitutionnelle de 1989 aura ainsi permis, dans le cadre des lois 90-14 et 90-02, l’émergence de syndicats s’autoproclament  » autonomes  » et entièrement indépendants de la Centrale syndicale, l’historique UGTA, fondée en 1956 par feu Aïssat Idir. La création de l’UGTA fut précédée par l’Unea (Union nationale des étudiants algériens) et de l’UGEMA (Union générale des étudiants musulmans algériens, créées à Paris en avril 1955 par des étudiants algériens militants du FLN. Le 19 mai 1956, la section d’Alger lance un appel à la grève générale et ses militants rejoindront en masse les maquis de l’ALN.

Sauf que l’ouverture démocratique de 1989 a contribué à faire réapparaître l’UNEA sous l’entremise de l’ex-parti unique, le FLN pour ne pas se retrouver dépourvu d’une organisation de masse devant  » la menace  » de disparition de la scène politique suite à l’émergence de plusieurs partis politiques susceptibles de l’effacer au sein de la société civile algérienne.

L’émergence des syndicats autonomes sur la scène sociale

Le divorce entre les groupes de masses des travailleurs, notamment les fonctionnaires, et l’UGTA a donné lieu à la constitution d’une cinquantaine de syndicats autonomes par rapport à leur aînée. Ce sont essentiellement des syndicats de corporation : enseignants, fonctionnaires de l’administration publique, médecins, officiers de la marine marchande, techniciens de la maintenance aérienne… qui se reconnaissent désormais dans deux structures (Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique et l’intersyndicale autonome de la Fonction publique) les ayant unifiées à l’occasion de l’adoption du statut particulier de la Fonction publique.

Le mouvement syndical étudiant, né durant les années 1970 et 1980 constitue l’élément fondateur du syndicalisme autonome algérien qui émergera après la promulgation de la Constitution de 1989.

Les fondateurs de ces syndicats autonomes étaient, en majorité, militants ou dirigeants dans le mouvement syndical étudiant des années 1970 et 1980. Face à la détérioration de leur condition de vie, à leur paupérisation mais aussi pour des raisons partisanes, différentes corporations vont créer leur syndicat pour défendre leurs revendications socioprofessionnelles.

Mais l’épreuve du terrain a fait que sur les 53 syndicats créés depuis 1989 à ce jour, seuls le Snapap, Snpsp, Ssnpssp, Snpdsm, Snmasm, Spla, Sntma, Snpca, Snommar, Satef, Cla, Cnapest et le Cnes ont réussi à résister à un climat politique et social des plus ardus.

Néanmoins, ces syndicats n’ont pas su résister à la tentation de leurs cadres qui iront jusqu’à se livrer des guerres de leadership. Et l’ensemble d’entre eux sont actuellement scindés en deux entités portant le même nom et le même sigle qu’on trouve d’ailleurs au sein de la Cnsafp et au sein de l’Iafp. Cela sans toutefois influencer sur leur ligne de conduite, notamment lorsqu’il s’agit de mener des actions de terrain tel que démontré lors des deux dernières action publique en février dernier et à la mi-avril passée.

 » L’expérience de ces 15 années d’activité et de luttes des syndicats autonomes représentatifs a permis une décantation, et elle a aussi permis de montrer que l’autonomie syndicale aujourd’hui signifie avant tout une ligne syndicale démocratique et revendicative, » estime un syndicaliste du Cnapest.

Se basant sur la crise interne qui a touché son syndicat, il souligne que  » la crise du syndicat Cnapest lors des deux journées de grève des 5 et 6 octobre 2004 a montré que les meilleurs défenseurs de la ligne syndicale démocratique et revendicative sont les adhérentes et adhérents à la base.

Cette réaction énergique de la base du Cnapest a montré qu’un syndicat autonome appartient à ses adhérentes et adhérents et que le temps des apparatchiks de l’appareil syndical est révolu à jamais. »

Ce syndicaliste fera signaler, par ailleurs, que la ligne syndicale démocratique et revendicative peut se retrouver aussi dans certaines fédérations de l’UGTA, comme le SETE de Béjaïa et de Tizi Ouzou. Elle a existé, ajoute-il, dans la coordination syndicale de l’éducation de Bab-El-Oued affiliée à la FNTE dans les années 1990 et qui formera plus tard le CLA…etc.

M. A. T.

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