Qu’en est-il de l’importance du patrimoine et de l’histoire… ?

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Il est important et même un devoir pour chaque Etat de tracer un programme de recherche et des fouilles archéologique s permettant d’étudier systématiquement son passé. Il existe des monuments anciens, des vestiges, des antiquités partout dans le monde, y compris en Algérie. L’Algérie à longtemps était un pôle incontournable pour des populations venant d’Asie, d’Afrique, d’Europe et même d’Amérique, des populations ayant transité par là. Plus que cela, plusieurs civilisations s’y sont succédé.

Depuis l’Indépendance et jusqu’à l’heure actuelle, les archéologues tentent de reconstituer cette histoire.

Il y a un héritage colonial qui a, plus au moins, été orienté à des périodes différentes selon la présence coloniale. Celle qui a vraisemblablement marqué : c’est le passage des Romains. Les plus grands sites d’Algérie ont été en effet déterrés pendant la période coloniale : des villes comme Timgad, Tipaza, El Djamila et bien d’autres sites. Après l’Indépendance, l’Algérie a reconquit son territoire. Mais elle n’avait pas l’instrumentation suffisante et nécessaire pour engager des formations et des programmes de recherche. Pas d’archéologues, pas d’institutions de recherche. Donc la priorité était d’abord de former des archéologues, des conservateurs, puis des agents pour protéger le territoire qui était à l’abandon. Il fallait faire l’inventaire de tout le potentiel archéologique.

Le seul texte qui existait était inspiré des lois françaises. Il faisait référence aux fouilles et à la protection des sites et monuments historiques. Il fallait donc aussi se doter de textes de loi qui organisent ces nouvelles fonctions. Ce n’est qu’en 70 qu’ont été créées les institutions de recherches et d’enseignement. La première université de formation archéologique a été inaugurée en 1977 et c’est à partir de cette année-là que l’Algérie a commencé à organiser l’archéologie dans le cadre des institutions.

Jusqu’aux années 90, les interventions et les recherches archéologiques, les fouilles des nouveaux sites sont restées rares. L’Algérie qui a plongé dans le terrorisme, avait d’autres priorités. C’est début 98, avec la mise en place de la nouvelle loi sur le patrimoine culturel, la recherche scientifique et archéologique que l’on a développé ce segment pour organiser la recherche archéologique. « Notre pays n’a pas connu une vrais évolution en matière de recherche archéologique. Toutes les découvertes des sites archéologiques, des vestiges, des villages antiques et d’autres traces ont été déterrées durant la période coloniale par les colons. Ils nous ont laissé les grands sites que nous possédons maintenant. Puis après l’Indépendance, nous avons continué à travailler avec les anciennes lois laissées par les Français. Nous n’avons pas créer de nouvelles lois qui nous permettent de progresser, d’évoluer, de renforcer et de gérer de nouvelles fouilles archéologiques pour mettre ou jour des nouveaux vestiges », a déclaré, M. Batrouni, directeur de la Conservation et de la restauration du patrimoine culturel.

Une richesse archéologique enfouie…

Un peuple sans histoire et sans passé est un peuple sans identité, disait un penseur. Ces fouilles sont nécessaires pour l’identité de l’Algérie, pour construire son histoire tumultueuse. L’identité algérienne est dans ce que recèle son territoire. L’Algérie est l’un des pays les plus riches qui s’est érigé sur les cendres d’anciennes civilisations, sur des villages entiers, découverts, souvent fortuitement. Ce qui est connu aujourd’hui est dérisoire. Son sous-sol regorge de vie enfouie, parfois à quelques mètres du sol comme ce premier témoignage, l’unique de l’existence de l’antique Icosium découvert dans les années 90 et qui n’a pas encore révélé ses secrets ….

La villa Lallahoum ou encore « Dar Lallahoum » est une éminente découverte. A vrai dire elle a été déterrée fortuitement fin 96, lors des travaux de construction d’un centre commercial par la Régie d’Alger. Ces travaux ont été stoppés vu cette importante découverte pour céder place à l’équipe de chercheurs et archéologues appartenant au Centre national de la recherche archéologique qui ont entamé leurs sondages.

Dès le début de leurs recherches, les archéologues sont tombés sur des structures qui remontent à l’époque romaine, seulement à 70 centimètre du sol. Chose qui a mené à l’arrêt du projet et conduit par ailleurs, au commencement des fouilles programmées. Les “fouilleurs” sont tombés sur une très jolie villa péristyle, une villa dotée d’un patio à ciel ouvert, esthétique qui permettait l’aération et la luminosité à l’intérieur de la maison. Juste en bas de La Casbah, en face de « Dar El Hamra », une villa antique remontant à l’époque romaine veille sur les lieux et cache les secrets des anciennes générations qui ont défilé ici. Elle les délivre avec discrétion, mais c’est toute l’histoire de l’humanité qui dévoile ses secrets les plus enfouis. L’histoire de nos aïeux est là. Dans ces mosaïques, ces puits, ces bassins, appelé communément en arabe dialectal (des jébs), et bien d’autres traces millénaires. La villa Lallahoum est une précieuse découverte. Elle prend ses aises sur 10 mètres de long et 15 mètres de large. Sa superficie globale est de 120 m2. Elle offre des dimensions très favorables à la vie. La tradition de l’architecture de l’époque veut que les deux chambres découvertes soient recouvertes de mosaïques géométriques, un signe qui ne trompe pas …. : cette demeure appartenait bien à de riches propriétaire. La mosaïque qui l’habille est un art antique dont l’apogée remonte à l’époque gréco-romaine. Elle fut l’un des premiers supports destiné à rendre visuel, à imprimer les scènes et expressions d’époque à partir de pièces de céramique colorées et collées sur un support. Déjà, elle était utilisée dans la décoration, s’infiltrait dans les thermes comme les salles de bain antiques, décorait les vases, murs et sols des belles propriétés

Ces mosaïques ont été trouvées aussi sur le sol des chambres de la villa Lallahoum. Entre autres, un puits occupe le cœur de la maison. il servait de source d’eau. Un bassin a également été déterré par les archéologues, nos ancêtres l’appelait le « jéb » et les historiens traduisaient sa fonction comme une pièce de maison, des balnéaires privés, une citerne, ou même un lieu pour l’élevage du poisson. Dar Lallahoum est le seul témoignage concret de l’ancienne capitale de l’Algérie « Icosium ».

Le comptoir phénicien devenu Alger, a vraisemblablement été fondé au 7éme siècle avant l’ère chrétienne. Son nom qu’attestent les pièces de monnaie trouvées en 1940, lui vient des îlots qui lui font face.

Cité autonome de Mauritanie, Icosium fera partie, en l’an 25 du royaume de Juba II. Avant son annexion par Rome en l’an 40, la cité devient ainsi un municipe romain sous le nom latinisé d’Icosium. En 75, elle reçoit le droit latin de l’empereur vespasien.

Le site de la cité avait alors pour limites: le lycée Emir-Abdelkader, le square Port Saïd, la mosquée Ketchaoua et le quartier de l’Amiraut. De nombreux objets et textes épigraphiques attestent de la présence romaine sur les lieux, mais les recherches archéologiques et les renseignements sur cet historique capital romain sont très sommaires. Après des millions d’années, la découverte de la villa Lallahoum témoigne d’une façon palpable de l’existence de l’antique capitale algérienne…Voila que le site ce trouve dans un état lamentable, dégradé, complètement abandonné. Les recherches ont été subitement stoppées.

Pourquoi cet arrêt subit des travaux ? La question a été posée au directeur de la Conservation et la restauration du patrimoine culturel M. Batrouni lequel a dévoilé ceci : « qu’il n’y avait pas de lois qui nous permettraient d’organiser et d’élargir notre champ de fouilles et de recherches archéologiques, l’Algérie n’avait pas de lois, pas de centres de recherches archéologiques, pas de programmes de recherches… En outre, la période noire qu’a connu notre pays a mené à la dégradation de l’état culturel et patrimonial de notre pays. Cette période noire a causé un gel en matière de recherche et de fouille archéologique. Par ailleurs, le ministère entamera un programme bien ficelé à partir de cette année qui nous permettra une bonne reprise de recherche et de fouilles archéologiques, ainsi que la création de nouveaux centres de recherches pour les sortir du centre, notamment généraliser les recherches dans les quatre coins du pays. Car ce dernier repose sur une très grande richesse archéologique, sur des civilisations qui ce sont succédé ; du nord au sud et de l’est à l’ouest ».

La relance des recherches et des fouilles archéologiques

A partir de cette année et dans le cadre du schéma directeur des sites archéologiques récemment adopté en Conseil des ministres, l’Algérie en collaboration avec l’Unesco, entamera de vraies opérations de fouilles planifiées et organisées sur les anciens sites existants comme el Djamila, Tipaza, Batna, et bien d’autres recherches et fouilles des nouveaux sites. Ce qui n’était pas le cas avant. Pour l’instant, toutes les découvertes le sont accidentellement. « L’Algérie, représentée par le ministère de la Culture et en collaboration avec l’Unesco entamera, dès cette année un programme de recherche et de fouilles archéologiques sur les sites déjà existants : comme El Djamila, Cherchell, Batna, la Kalaâ de Beni Hemmad qui ce trouve à Biskra et qui a un lien avec celle de Béjaïa, pour découvrir le lien existant entre les deux, mais aussi le secret de la différence des endroits. Entre autres, les chefs des opérations de recherches seront des Algériens et non pas des étrangers. Par contre, nos chercheurs et nos chefs d’ateliers de recherches auront l’appui et l’expérience des experts étrangers dans ce domaine », a confirmé la ministre de la culture Khalida Toumi.

L’Algérie a besoin de l’expérience de l’Unesco et de l’expérience d’autres pays avec qui elle a eu à traiter par le passé, et traite encore cette année. C’est le cas de la France à travers l’Institut de recherche archéologique préventive qui est un établissement public chargé d’une mission de recherche et dont la vocation est de réaliser des fouilles d’archéologie préventives pour la connaissances des périodes préhistoriques, palinodiques, et même les époques les plus récentes, dont le 20éme siècle. A son actif : 2 000 diagnostics par an et 250 fouilles chaque année….

L’INRAP a pour mission de détecter (opérations de diagnostics) et d’étudier le patrimoine archéologique (fouilles) touché par les travaux d’aménagement du territoire. Il exploite et diffuse l’information auprès de la communauté scientifique et participe à l’enseignement, la diffusion culturelle et la valorisation de l’archéologie auprès du grand public. Il exploite et diffuse l’information auprès de la communauté scientifique et participe à l’enseignement, la diffusion culturelle et la valorisation de l’archéologie auprès du grand public (publications, expositions, colloques, conférences).

En collaboration avec cet institut, des fouilles seront menées dans les prochains mois ici en Algérie, pas à ce rythme mais c’est tout bénéfice pour nos chercheurs… « Nous avons déjà participé à un colloque sur la recherche et le programme de fouille archéologique, qui s’est déroulé en Algérie en 2005. Nous comptons aussi élargir notre champ de recherche et d’apporter l’expérience de notre institut pour des pays étrangers comme l’Algérie. Sur ce fait, nous allons entamé au cours de cette année en collaboration avec des archéologues algériens, des opérations de fouilles archéologiques dans divers endroits de l’Algérie. Comme nous comptons aussi entamer des recherches dans le continent maghrébin ». A révélé, Nicole Pot, directrice générale de cet institut.

Dans notre pays, tout reste à faire, à construire, comme de nouveaux centres de recherche archéologique, des laboratoires pour accompagner les scientifiques ; l’exploration de nouveaux sites, de nouvelles traces des Vandales, des Byzantins, des Phéniciens, l’histoire de ce pays est riche, son sous-sol aussi, l’or n’est pas noir, il n’est pas éphémère, il est l’avenir des prochaines générations.

Kafia Aït Allouache

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